Pourquoi la Turquie ouvre ses frontières vers l'Europe ?
Pourquoi la Turquie ouvre ses frontières vers l'Europe ?
Recep Tayyip Erdogan a décidé d’ouvrir les frontières de la Turquie vers l’Europe. Le Président turc réclame une aide politique ainsi qu’un soutien financier à l’Union européenne.
« Nous avons ouvert les frontières, et à l'heure actuelle, à partir de ce matin, environ 18.000 personnes ont franchi ces frontières, mais aujourd’hui, ce nombre pourrait atteindre 25 à 30.000. Et nous ne fermerons plus ces portes à partir de maintenant, et cela continuera. » Cette annonce de Recep Tayyip Erdogan, qui a décidé d’ouvrir les frontières de la Turquie vers l’Europe, a déclenché une crise humanitaire. « Le fait d’utiliser les réfugiés comme des otages, sur la pression, sur l’Europe, est parfaitement inacceptable, et nous le refusons », a réagi l’ancien ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
Aujourd’hui, la Turquie accueille 3,7 millions de réfugiés
C’est également une crise diplomatique et militaire. Le Président turc réclame une aide politique ainsi qu’un soutien financier à l’Union européenne. « Maintenant, vous allez prendre votre part du fardeau », a ajouté le Président turc. Aujourd’hui, la Turquie accueille 3,7 millions de réfugiés, tandis que la Syrie sombre dans la guerre civile, et que l’Armée syrienne libre s’oppose au régime de Bachar al-Assad.
Dès 2013 , plus de 200.000 Syriens fuient la guerre et se réfugient en Turquie. En 2015, la guerre en Syrie exacerbe les mouvements de populations. 2,5 millions de migrants passent en Turquie, et un million de migrants passe en Europe. C’est la plus grave crise migratoire depuis la Seconde Guerre mondiale. En 2016, pour gérer cette crise, l’Union européenne et la Turquie signent un accord sur l’immigration. La Turquie s’engage alors à bloquer les migrations irrégulières vers l’Europe. De son côté, l’Union européenne promet une aide financière de 6 milliards d’euros. Elle s’engage aussi à faciliter les déplacements des ressortissants turcs dans l’espace Schengen.
« La Turquie a décidé d'instrumentaliser les réfugiés »
La récente décision du Président turc Recep Tayyip Erdogan viole donc les termes de cet accord. « La Turquie a décidé d'instrumentaliser les réfugiés et migrants déjà présents sur son territoire pour faire pression sur l’Europe », estime Jean-Yves Le Drian. Le gouvernement turc réclame également la mise en place d’une « zone de sécurité » dans la région d’Idlib, où la Turquie est engagée militairement contre le régime syrien, qui est soutenu par la Russie. Dans cette région sous haute tension, les cessez-le-feu sont fragiles.
3 millions de civils vivent dans cette région, et plus d’un million d’entre eux a déjà pris la route de la frontière turque. « Tant en Turquie qu'aux frontières entre la Turquie et l'Europe et la Turquie et la Syrie, la situation est devenue plus insupportable pour des millions de civils fuyant la guerre et la pression », observe Basak Kocadost, membre d’une association anti-racisme.