Retraites: refusant un échec "si près du but", Bayrou reçoit les partenaires sociaux

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Après l'échec du "conclave" sur les retraites dans la nuit, le Premier ministre François Bayrou va recevoir mardi "dans la matinée" et séparément organisations syndicales et patronales qui ont participé aux quatre mois de négociations, dans une tentative de la dernière chance de surmonter les blocages.
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Après l'échec du conclave sur les retraites dans la nuit, le Premier ministre François Bayrou va recevoir mardi et séparément organisations syndicales et patronales qui ont participé aux quatre mois de négociations, dans une tentative de la dernière chance de surmonter les blocages.

"Je ne peux pas accepter sans réagir qu'on se satisfasse d'échouer si près du but", a déclaré le Premier ministre depuis Matignon lors d'une courte prise de parole à 07H00, quelques heures après le constat d'un "échec" du conclave qui est également un revers pour la méthode de dialogue social qu'il prônait. Selon lui, une "voie de passage" est encore possible.

Ce nouveau format de discussions était le fruit d'un compromis noué avec les socialistes pour éviter une censure du gouvernement lors du vote du budget 2025. Et le Premier ministre s'était engagé à en présenter les conclusions devant le Parlement. 

Le rendez-vous avec les trois syndicats qui participaient au conclave (CFDT, CGE-CGC, CFTC) est prévu vers 12h00, a indiqué Matignon en début de matinée. 

Le rendez-vous avec les organisations patronales devrait intervenir après, selon la même source. 

FO et la CGT, qui étaient sorties très rapidement des discussions du conclave, n'ont pas été invitées, malgré la demande mardi matin sur RMC par la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet.

La secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon s'est dite d'accord pour "avoir cette explication de texte" à Matignon, "qui ne soit pas un règlement de comptes". 

Mais "on ne va pas être en négociation avec le Premier ministre", a-t-elle averti sur TF1.

Le président du Medef Patrick Martin a estimé sur France Info "qu'on n'est pas loin d'un accord".

Selon M. Martin, la négociation avec les syndicats a notamment achoppé sur le dispositif des carrières longues, qui permet de partir plus tôt que l'âge légal si on a commencé à travaillé tôt, et que le patronat voulait restreindre pour financer notamment des mesures en faveur des femmes.

"Au motif qu'ils ont fait des stages, le système permet aujourd'hui à de gens de partir plus tôt que l'âge légal alors qu'ils ont exercé des métiers qui ne sont pas éprouvants", a-t-il expliqué. 

"Il y a là une poche financière et en définitive, ça réparerait une iniquité. Donc la voie de passage, elle existe", a indiqué le président du Medef. "Si l'objectif, c'est que 50% d'une classe d'âge parte avant l'âge légal, ça ne marchera pas", a-t-il ajouté.

Tard lundi soir, à l'issue d'une ultime séance de négociations, syndicats et patronats se sont renvoyés la responsabilité de l'impasse. 

"Pas décisif"


Le principal point d'achoppement tournait autour de la finalité d'une reconnaissance de l'usure professionnelle: les syndicats y voient une perspective de départ anticipé à la retraite, le patronat privilégie d'autres pistes, telles la prévention ou la reconversion.

L'échec, "si près du but", est selon la CPME "d'autant plus incompréhensible que tous les partenaires sociaux partageaient la même volonté de se voir transférer la gouvernance du système de retraite, selon les mêmes modalités que l'Agirc Arrco".

Un point relevé par François Bayrou. "De nombreux points d'accord étaient sur le point d'être actés sur le sujet si important d'une amélioration des calculs de retraite des mères de famille, sur l'âge auquel on peut partir à taux plein, sur un certain nombre de principes de financement", a-t-il énuméré. 

Et il s'est satisfait d'un "pas décisif": le fait que "le principe des règles d'âge pour garantir l'équilibre financier de notre système de retraite" ait été "reconnu par tous". La question de revenir sur le départ à la retraite à 64 ans avait vite été balayée. A l'issue du conclave, cette mesure phare, et impopulaire, de la réforme Borne de 2023 sera donc toujours en vigueur pour les salariés nés à partir du 1er janvier 1968.

"Voie de passage"


François Bayrou joue gros sur ce dossier.

La France insoumise a appelé lundi les autres groupes de gauche à se joindre à une motion de censure contre son gouvernement. 

"Si le Parlement n'est pas saisi, si nous n'avons pas la possibilité de déposer des amendements qui permettraient de définir quelles seraient les conditions d'un retour à l'équilibre en échange d'un retour à 62 ans, effectivement, nous irons vers la censure", a averti le premier secrétaire du PS Olivier Faure.

Mais en l'absence des voix du Rassemblement national qui a prévenu qu'il ne s'y associerait pas, le gouvernement semble assuré de se maintenir. Avant d'affronter les débats budgétaires encore plus périlleux, cet été et à l'automne.

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