Camille Lacourt parle à coeur ouvert de sa santé mentale

"J'avais l'impression que la défaite, je la traînais et que tout le monde ne voyait en moi que la défaite." L'ex-nageur Camille Lacourt parle à cœur ouvert de sa santé mentale.

J'avais l'impression que tout le monde voyait en moi la défaite


En 2011, l’ex-nageur Camille Lacourt est sacré champion du monde. Un an après, il termine quatrième aux JO de Londres. Il tombe en burn-out. “Juste après cette compétition, ça devient compliqué. On a souvent des vacances après des grandes échéances internationales et là, pendant 15 jours, on se retrouve avec notre peine, notre déception, notre humiliation. On se sent seul même si on est très entouré” confie le sportif.

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Quand il y a échec, on a l'impression d'avoir gâché notre temps et un peu gâché notre vie”. L’ex-nageur repense alors à tous les sacrifices personnels qu’il a dû réaliser et à toutes les heures d’entraînement qu’il a suivies. Pendant ses deux semaines de vacances, il n’a pas envie de parler ni même de se lever: “En fait, on n’a plus de raison de le faire. On se dit: on va dans un mur, donc à quoi bon? Et à un moment donné, je me suis dit que ça ne pouvait pas durer”.


En vacances en famille, entourés de ses proches et de ceux qui “l’aiment”, Camille Lacourt ressentait “juste un grand vide en (lui)”: “Il fallait que je décide par moi-même de le fermer. Et un beau matin, je me suis réveillé en me disant: "Bon, ça suffit maintenant, ça reste de la piscine. Il y a une phrase que j'aime beaucoup, c'est : "Les grands champions, ce ne sont pas ceux qui ne tombent pas mais ceux qui se relèvent vite. Et je me dis : “Déjà, ça fait quinze jours que t'es à terre, donc maintenant, on y va”.

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“L'échec, c’est le début de la réussite. Il faut l'accepter”


Le sportif tente de positiver et de faire de cet échec une expérience structurante. Il se dit que s’il a mal, c’est dans un sens “une bonne chose” car cela confirme la “vocation” qu’il a pour son métier. “Je me suis dit: si tu as été aussi impacté, c’est que la route n’est pas finie. Si tu l’avais accepté en 5 minutes, il y aurait eu d’autres échecs”.


Pourtant, le sportif, qui s’entraîne alors au Cercle des nageurs de Marseille, est accompagné par un préparateur mental, en plus de son préparateur physique. “Le mental, c'est tout. On a l'impression, souvent, quand on regarde à la télé que les sportifs sont des robots qui sont nés pour la performance. Je ne crois pas que ce soit ça, un sportif. Je crois que c'est une personne qui a décidé de pousser ses limites, mais c'est avant tout un être humain. Et je pense qu'un très bon sportif est avant tout un être humain qui se sent bien dans sa peau.”

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Camille Lacourt n’a pas de mal à parler de ses échecs. “J’ai eu tous les jours envie de tout arrêter et c’est normal. C’est humain”. Mais il était guidé par cette “petite voix” qui lui faisait comprendre qu’il aurait sans doute des regrets d’arrêter à ce moment-là. Il arrêtera sa carrière à 32 ans. “La leçon que j'ai tirée de ce burn out, c'est que l'échec, c’est le début de la réussite, qu'il faut l'accepter, qu'il faut l'encaisser et qu'il faut en tirer des leçons. Je préfère être un mec qui a échoué de nombreuses fois, parce que ça veut dire que j'ai avancé à chaque fois, que j'ai appris, que j'ai évolué. J'ai beaucoup de respect pour les gens qui échouent et qui arrivent à se relever derrière”.

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