Pourquoi il faut parler du porno aux enfants

"Si la question est de savoir si tous les enfants vont, un jour, voir du porno, la réponse est oui." À la fin du collège, 100 % des jeunes ont déjà vu de la pornographie. Selon Anne de Labouret et Christophe Butstraen, il est indispensable d'en parler aux enfants. Voilà pourquoi…

Oui, il faut évoquer la pornographie avec les enfants


Anne de Labouret et Christophe Butstraen ont écrit « Parlez du porno à vos enfants avant qu'Internet ne le fasse ». Voilà pourquoi.


« Parce que l'exposition à la pornographie est inévitable, tout parent doit absolument y préparer ses enfants. » C’est la thèse défendue par la journaliste santé Anne de Labouret et le médiateur scolaire Christophe Butstraen, autrice et auteur de Parlez du porno à vos enfants avant qu'Internet ne le fasse. Voici les cinq raisons pour lesquelles il faut préparer les enfants à cette exposition.


Tous les enfants en voient


Si la question est de savoir si tous les enfants vont, un jour, voir du porno, la réponse est oui. Alors, les moyennes d'âge se situent aux alentours des 10 ans, 11 ans. Pour certains, ce sera plus tôt. Pour d’autres, ce sera plus tard.


Une chose est absolument évidente, c'est qu'en fin de collège, ils auront, tous et toutes, été confrontés à ce type d'images. Ils les voient soit à la maison parce que ce sont des images extrêmement intrusives – elles surgissent sur l'écran quand on surfe – soit parce qu'ils sont de grands consommateurs de sites de streaming.


Ils y ont accès, également, par certains jeux vidéo qui proposent, avec une réalité parfois déroutante, des scènes comparables à la réalité. Et ils y ont évidemment accès via, parfois, le téléphone d'un copain, d'une copine, dans la cour de récréation, sur le chemin de l'école.


Les enfants ne comprennent pas le porno


Quand ce sont de jeunes enfants en âge primaire qui tombent sur des images pornographiques par hasard, ils sont choqués. Elles correspondent à un viol de l'imaginaire pour l'enfant. Il est perdu face à ces images qui lui donnent accès à un monde qu'il ne comprend pas et qu'il ne soupçonne pas. Il vaut donc mieux en parler avec lui plutôt que de le laisser seul gérer le conflit intérieur auquel il est confronté.


En ce qui concerne les adolescents, lorsqu’ils sont face à de la pornographie, ça peut être parce qu'ils tombent dessus par hasard, par exemple avec le streaming ou parce qu'ils ont cherché eux-mêmes. La question est un peu différente parce que l'adolescent a déjà sa propre représentation de la sexualité. Les images qu'il va voir sont, le plus souvent, violentes et assez inadaptées par rapport à la représentation qu'il s'en fait.


Mais notre rôle n'est pas de nous immiscer dans leur espace privé. Notre rôle, c'est de leur apporter un contre-discours qui leur permet d'évaluer, d'analyser ces images et de faire la part de ce qui est de la fiction et de ce qu'il est possible de faire, de la réalité.


Ça ne suffit pas de verrouiller l’accès à internet


Logiciels de contrôle parental et smartphone, de recherche pour enfants, moteurs Internet.. Donc tous ces moyens existent, mais il n'y en a aucun qui donne une garantie absolue de sécurité.


Le porno a des conséquences sur la vie sexuelle des ados


Les études qui existent montrent qu'il n'y a pas de changement d'âge important quant au premier baiser ou quant au premier rapport sexuel. Tout ça, ça reste des constantes. Par contre, ce qui apparaît dans ces études, c'est que les pratiques des adolescents et des adolescentes sont en train de changer lors de ces premiers rapports.


C'est-à-dire que le message véhiculé par les films pornographiques, par les séquences pornographiques, tend à donner aux jeunes gens des recettes en leur disant : « Voilà ce qu'il faut faire. » Évidemment, sans avoir le recul nécessaire, ni les moyens pour décoder ces images, ils ont tendance à reproduire ces scènes.


Sur un forum d'adolescents, lire la phrase « Je vais avoir une relation sexuelle avec mon petit copain pour la première fois, faut-il faire les trois trous ? », c'est extrêmement cru. Ça montre les traces que ces films pornos laissent dans l'imaginaire des adolescents. Ça leur fait parfois reproduire des comportements qu'ils croient être la norme, avec tous les risques que cela suppose.


Par exemple en dévoilant une partie de son intimité, en envoyant des photos compromettantes. Le risque est à la fois psychique pour la personne qui voit, et social, pour celui ou celle qui partage des images le mettant en scène.


Il faut leur apprendre le consentement


Le porno, aujourd'hui, est souvent extrêmement violent, avec des pratiques qui font l'impasse sur le consentement. L'actrice dit non, elle pleure, elle ne veut pas, et puis à la fin, elle dit oui, elle prend son pied. Certains ados en concluent que le « non » est un préliminaire. Il faut donc apprendre le consentement aux enfants.


Il n'y a pas de scénario préétabli pour parler du porno. Il y a le moment où l'on sent que ça va être possible et surtout, il y a le fait d'avoir mis en place, depuis l'enfance, cette communication. C'est en construisant cette relation de confiance que l'enfant, jeune, va pouvoir venir trouver ses parents et leur poser des questions quand il est confronté à des images qui le choquent.


C'est aussi ce climat de confiance qu'il va falloir développer et garder présent avec l'adolescent, même si c'est à un âge difficile. Le consentement peut être une façon d'arriver à parler du porno avec les ados. Histoire de leur expliquer que dans la réalité, il ne faut pas se comporter comme ça. L'important, c'est le respect.


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