L'impact du manque de neige sur les animaux de la montagne

"S'il n'y a pas de neige, ça n'impacte pas que le ski, ça impacte aussi la nature et les écosystèmes." Voici ce que le manque de neige en montagne change pour les animaux qui y vivent.

“À terme c'est une perte nette de biodiversité”

 

Ça n'impacte pas que le ski, ça impacte aussi la nature et les écosystèmes.” Jérôme Manson est chef de projet espèces arctico-alpines au Parc national du Mercantour. Cet hiver, la neige a déserté les montagnes, à cause des températures au-dessus des normales de saison en altitude. Mais cela n’a pas impacté seulement les activités d’hiver, les animaux des montagnes en ont souffert. “Pour certaines espèces, comme la perdrix blanche qu'on appelle aussi lagopède alpin, ou le lièvre variable, c'est problématique.”

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Il continue : “Ce sont des espèces qui en ont besoin, qui sont taillées pour le froid, taillées pour les conditions climatiques extrêmes, qui ont opté pour une technique de camouflage extrêmement efficace en hiver, à savoir qu'ils vont modifier leur pelage ou leur plumage pour revêtir une robe entièrement blanche qui va leur assurer d'être entièrement camouflées dans un paysage enneigé. Donc, ils vont avoir du mal à se camoufler puisqu'ils vont être blanc sur fond déneigé, ou alors ils vont tout simplement avoir beaucoup trop chaud.

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Toute une biodiversité touchée 

 

Et pour Jérôme Manson, ce ne sont pas les deux seuls animaux affectés par le faible enneigement. “On peut prendre l'exemple de la marmotte, elle a fait suffisamment de réserves au cours de la saison précédente pour passer plusieurs mois au ralenti sous la neige, sous la terre. En fait, la couche de neige, si elle est suffisamment importante, elle joue un rôle isolant qui améliore les conditions d'hibernation de la marmotte. S'il fait trop chaud, elle ne va pas hiberner dans de bonnes conditions et elle va se retrouver en difficulté au printemps.

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En revanche, le manque de neige peut être favorable à d’autres espèces, qui vivent particulièrement difficilement durant cette période de l’année. “Des espèces de cervidés, les chevreuils, les cerfs, des choses comme ça, font parfois de longs parcours pour aller chercher des zones d'alimentation, et ont des difficultés à se déplacer dans la neige. Donc pour certaines espèces, s’il n'y a pas de neige, elles vont se déplacer beaucoup plus facilement.

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Un phénomène qui risque de durer

 

Mais ces changements pour les animaux risquent de s’amplifier durablement. Selon Météo-France, la diminution de l’épaisseur et de la durée d’enneigement dépend fortement de l’évolution du réchauffement climatique. Par exemple, en moyenne montagne, si on limite nos émissions de gaz à effet de serre, la couche moyenne de neige serait 10 à 40 % moins épaisse d’ici 2100. Mais si on continue à en émettre de grandes quantités, elle pourrait être jusqu’à 80 à 90 % moins épaisse. 

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S'il y a plus de neige en montagne, ça va rendre l'écosystème plus simple. C'est-à-dire que toutes les espèces qui sont hautement spécialisées sur le climat froid et la neige vont céder du terrain au profit d'espèces plutôt généralistes qui sont déjà présentes plus bas en altitude. En fait, à terme c'est une perte nette de biodiversité”, conclut Jérôme Manson. 

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