C'est quoi le patriarcat ?

Émergente dans l’Antiquité, la notion de patriarcat est actuellement remise en cause en France. Définition, explications et exemples, découvrez ce qu’est véritablement le patriarcat.

“Nous combattons une institution très enracinée”


“Le patriarcat c’est quelque chose qui forme un système, et les chaînes se tiennent les unes entre les autres. Si on ne s’attaque pas à tous ces maillons-là, le système, on ne pourra jamais le détruire”, résume l’activiste féministe Marguerite Stern. Pour comprendre l’évolution de cette notion, il faut remonter quelques millénaires en arrière…
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A l’origine du mot, il y a un schéma familial. Dès l’Antiquité, le mot “patriarcat” renvoie à la figure paternelle. Le père est le chef de la famille. Il a l’autorité sur sa femme et ses enfants. Dans la société, le pouvoir est détenu par les hommes les plus âgés, considérés comme plus expérimentés. Les femmes n’ont pas de droits civiques. Les personnes de sexe féminin sont subordonnées aux hommes qui possèdent l'autorité. Cela peut-être le père, le frère, le mari.


Cette organisation est ensuite renforcée avec l’apparition des grandes religions monothéistes. Dans la religion, le patriarche est l’un des pères de l’humanité. Parmi eux, Adam, Noé ou encore Abraham. De la sphère privée aux institutions religieuses, le patriarcat s’impose comme une norme dans de nombreuses sociétés au fil des années. “Ce qui est troublant dans nos traditions religieuses, c’est que les leaders de nos traditions parlent tout le temps des femmes. Mais ils ne parlent jamais “avec” les femmes”, déplore aujourd’hui la rabbin Delphine Horvilleur.
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Par définition, le patriarcat implique une différenciation fondée sur le genre. “Nous combattons une institution très enracinée. Nous sommes très inégaux sur le plan économique. Nous luttons toujours pour avoir le contrôle de nos propres corps parce que le contrôle de la reproduction fait partie de la définition du patriarcat”, explique l’activiste américaine Gloria Steinem à propos des différences entre personnes de sexe masculin et celles de sexe féminin.


Aujourd’hui ce modèle familial est remis en cause


Patrons, dirigeants, chefs de gouvernement, artistes renommés… Les hommes détiennent une autorité et un rôle social, politique, économique et religieux supérieurs à ceux des femmes. Aujourd’hui ce modèle familial est remis en cause. Et le concept de patriarcat fait débat.


Zozibini Tunzi, Miss Univers 2019, déclarait lors de la remise de son prix : “Je veux mettre les hommes au défi d’apprendre à leurs fils à considérer les petites filles et les jeunes filles comme leurs égales dès le plus jeune âge de sorte à ce qu’une fois adultes, ils deviennent les hommes dont on a besoin aujourd’hui dans notre société”.
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De son côté, la journaliste Elisabeth Levy a déclaré: “En réalité, la domination masculine est totalement en déshérence, non pas dans tous les faits mais comme norme. L’égalité est aujourd’hui la norme. Je trouve que le féminisme a très largement gagné et que c’est dommage d’être des mauvaises gagnantes”.
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“Les histoires des femmes sont pour tout le monde, pas seulement pour les femmes”


A la fin des années 60, les mouvements féministes renaissent et les luttes se multiplient. Le concept de patriarcat est de plus en plus utilisé pour désigner l’oppression des femmes par les hommes. Il devient alors synonyme de pouvoir, de domination. “C’est impossible de ne pas être soumise dans une société qui identifie la féminité à la soumission” expliquait Manon Garcia, philosophe et féministe.


Aujourd’hui, citoyennes et militantes réclament l’abolition de ce modèle patriarcal dans l'espace public comme domestique. Elles combattent aussi les conséquences de ce système : discrimination, écart salarial, droit du travail, charge mentale, violences sexistes et sexuelles…


“Le regard masculin a été associé à un regard neutre pendant très longtemps. Parce que l’immense majorité des films est produite par des hommes qui regardent des femmes. Ce regard a une origine et a un rapport avec la domination masculine”, analyse l’actrice Adèle Haenel.


De son côté, l’auteure nigériane, Chimamanda Ngozi Adichie, a affirmé : “Partout dans le monde, des femmes prennent la parole. Leurs histoires ne sont toujours pas vraiment entendues. Il est temps pour nous de ne plus nous contenter de paroles en l’air pour dire que les histoires des femmes sont pour tout le monde, pas seulement pour les femmes”.
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Brut.