Éloge des mathématiques par Hugo Duminil-Copin

"Je ressens des émotions très fortes quand je fais des maths". Pour certains, c'était un fardeau à l'école. Pour lui, c'est tout l'inverse. Amoureux des mathématiques, Hugo Duminil-Copin nous explique pourquoi il faut réapprendre à se passionner pour les maths.

Ce qui est marrant, c'est qu'à la fois, je ressens des émotions très fortes quand je fais des maths, mais c'est quelque chose qui est assez similaire à d'autres disciplines. Je ressens des émotions quand je fais du sport, quand je fais de la musique et quand je fais des maths. Et ces émotions, ça peut être des émotions super positives, comme la joie, la fierté, et ça peut être des notions assez négatives, la frustration, parfois même la colère, mais c'est comme ça que je suis créatif”. Lauréat de la médaille Fields 2022, Hugo Duminil-Copin explique en quoi les mathématiques sont essentielles et doivent faire l’objet de passion pour tous. “J'ai découvert ce que j'aimais dans les maths très tard. On ne me l'avait peut-être pas fait sentir avant. C'est, je pense, une des problématiques, un des enjeux de l'éducation d'arriver à faire ressentir ces émotions positives. Les émotions, c'est extrêmement important pour apprendre. Et puis il y a des gens qui restent encore dans le traumatisme de ce qu'ont pu être les maths à l'école pour eux. C'est aussi dû au fait que les gens associent la réussite en mathématiques à l'intelligence, à une forme d'intelligence. Mais il y a des tonnes d'intelligences différentes”. 

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“Les maths, c’est une boîte à outils qui sert comme la lecture”


Selon Hugo Duminil-Copin, “les gens ont tendance tout de suite à se stigmatiser et à voir ça comme une évaluation de leur niveau d'intelligence, alors que ce n'est pas du tout le cas. mais je retenais très, très mal les dates. Je n'ai pas déduit que j'étais un imbécile de ne pas être capable de connaître la date de Marignan. En maths, tout de suite, on a tendance à renvoyer ça, on parle de la "bosse des maths”. Je crois fondamentalement que tout le monde peut réussir. Je ne me sens pas plus scientifique que littéraire, et je trouve que, en faisant ce clivage qui n'existe pas dans la réalité, on prive à beaucoup de gens du plaisir de pouvoir découvrir des disciplines, en particulier scientifiques.

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Le mathématicien souhaiterait que “la société se rende compte et insiste sur le fait que les maths sont hyper importantes pour tout le monde”. Il parle de “maths “citoyennes””. Il voit les mathématiques comme une “boîte à outils qui sert comme la lecture”. “Ce qu'on apprend en apprenant Thalès, Pythagore, etc., ce sont des raisonnements logiques. On apprend ce que c'est qu'une hypothèse, ce que c'est qu'une conclusion, comment on peut, de façon relativement logique, aller de l'une à l'autre. Quand on apprend les nombres, on apprend aussi les ordres de grandeur. Moi, c'est des choses qui me servent tous les jours, hors de mon métier”. Hugo Duminil-Copin conclut en invitant à “ne pas résumer les maths à une matière élitiste qui serait destinée juste à ceux qui vont en faire leur métier, soit de chercheur, soit d'ingénieur, soit de banquier, etc., mais de se rendre compte que, en fait, c'est une boîte à outils”.

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