Son métier : éclusier

Depuis plus de 30 ans, Dominique est éclusier sur le canal Saint-Martin à Paris. C’est lui et ses équipes qui gèrent les allées et venues des bateaux et parfois aussi celles des canards et de leurs petits. Un métier qui a changé avec le temps mais lui n'est pas prêt d'en changer.

Le long du canal Saint-Martin, il y a des ponts qui bougent, des barrières qui se lèvent, et des écluses qui se vident. Cette immense chorégraphie est orchestrée par les éclusiers de la mairie de Paris, qui travaillent dans ces maisons en briques qui bordent le canal. 


Dominique, éclusier du canal Saint-Martin


Dominique Audiot, la soixantaine, se tient sur le parvis du poste de commande de l’écluse du Temple, située juste devant le tunnel où le canal devient souterrain avant de ressortir quelques kilomètres plus loin dans le bassin de l’Arsenal. C’est depuis ce poste que sont contrôlés les écluses et les ponts du canal Saint-Martin. 


Avec le bruit de l’eau pour fond sonore, il explique le fonctionnement de cette “grande baignoire”. Un fonctionnement comme un escalier, où l’écluse ferait office d’immense marche que l’on vide et remplit d’eau pour permettre d’accompagner le dénivelé du canal. “Sinon on ferait du rafting !”. 


Entré aux services des canaux en 1982 comme cantonnier chargé du nettoyage et de l’entretien des berges, Dominique Audiot a passé trente ans comme éclusier, avant de devenir agent de maîtrise et d’encadrer désormais les éclusiers du canal Saint-Martin. 


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Quarante deux ans d’écluse


En quarante-deux ans de service aux canaux, il a vu les évolutions du métier et du trafic. Les bateaux sont aujourd’hui moins nombreux et les portes des écluses ne s’ouvrent plus manuellement. Mais ça “n’est pas de l’automatisation, c’est de la télécommande !” précise Dominique. “Tout ce qu’on faisait avant avec des manettes ou des manivelles, c’est fait avec un ordinateur, mais ce sont toujours les agents qui manipulent les portes et les ventelles.” 


Les éclusiers sont toujours indispensables mais le métier a changé, notamment le contact humain : “Avant on connaissait tous les mariniers. Maintenant on les entend via la VHF et on ne les connaît pas forcément, et il y a beaucoup moins de contacts.” 


Après avoir salué un bateau de nettoyage qui s’en va vers le canal de l’Ourcq, Dominique passe une tête dans le poste de commande où deux nouvelles recrues apprennent à manier à distance cette immense réseau de passerelles, d’écluses et de ponts sur cette espèce de “grand jeu vidéo”. 


Un cadre mythique de la capitale


Il faut voir la foule qui se penche sur le pont au moment du remplissage de l’écluse, pour comprendre l’attrait de cette immense baignoire. “Ici on s’y trouve bien. Le cadre est bucolique : être au bord de l’eau en plein Paris, on est quand même privilégié malgré tout.” dit Dominique en nous assurant vouloir prolonger potentiellement de quelques années son départ à la retraite. 


Des canards passent, traçant, tranquilles, leur sillon dans l’eau du canal Saint-Martin. Un autre dort sur la rive, à côté d’une “rampe à canards”. De petites rampes construites de chaque côté de l’écluse afin que les canetons qui ne savent pas encore voler puissent suivre leurs parents et sortir de l’eau pour passer l’écluse. 


Un métier mythique de la capitale parisienne, rythmé par le bruit de l’eau qui se verse et se déverse. Ce cadre est prisé des amoureux mais aussi des réalisateurs de films : Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain, Hôtel du nord ou le plus récent Samba auquel Dominique et les éclusiers du canal ont participé.  


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