Comment éviter les disputes ? – Brut Philo
“C'est pour ça qu'on s'énerve, c'est parce que chacun se sent pas écouté”
“Vous allez me dire: ‘Oui, mais il y a des gens qui ont faux de A à Z, ils ont complètement faux.’ Tant que vous pensez ça, c'est que vous ne les avez pas écoutés assez.” Maxime Rovère est philosophe. Il a écrit un livre, Se vouloir du bien et se faire du mal, publié le 12 octobre 2022. Il y parle de la philosophie de la dispute, et comment l’éviter. “On se dispute quand on n'est pas d'accord, mais le problème, c'est que ce désaccord, il va vite dégénérer en conflit. Comment ça se fait? En général, on place en avant son ego, c'est-à-dire qu'on dit: ‘Ah, mais moi, je suis pas d'accord !’ Et du coup, évidemment, en abordant les choses de cette manière-là, on oblige son interlocuteur à se positionner aussi par opposition.”
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“Écouter, c’est chercher ce que l’autre dit de vrai”
Pour lui, pour éviter la dispute, il faut mettre de côté son égo, et trouver un terrain commun avec son interlocuteur. “Comment on fait? En les écoutant. (...) Écouter, c’est chercher ce que l’autre dit de vrai. Donc, tant que vous ne trouvez pas, eh bien il faut continuer à le faire parler. Et une fois que quelque chose aura été dit de vrai, vous aurez un terrain pour pouvoir repartir et recommencer ensemble. On a tous envie de s'exprimer, on a tous envie d'être écouté, mais tant qu'on est tous dans la même posture, eh bien il y aura personne pour entendre, il y aura personne pour écouter. C'est pour ça qu'on s'énerve, en fait, c'est parce que chacun se sent pas écouté.”
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Pour lui, il faut aussi savoir déterminer la cause de la dispute. “Parfois, on se dispute pour certaines choses alors qu'elles ne sont que des prétextes pour, disons, des mouvements plus souterrains. Donc, lorsqu'on sent qu'il y a peut-être un mouvement souterrain qui est en train de s’exprimer, il vaut mieux laisser tomber le prétexte et essayer d'aller tout de suite vers ce qu'on ressent de plus profond.”
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“Cette rapidité dans l'échange, ça alimente naturellement le conflit”
Pour lui, notre façon de parler sur internet est propice à la dispute. “Le problème, c'est que ça va trop vite. Lorsque vous faites des commentaires sous une vidéo, en fait, vous le faites en une, deux, parfois trois phrases, et les gens vont vous répondre en une, deux, trois phrases. Et cette rapidité dans l'échange, en fait, ça alimente naturellement le conflit. Il y a un moment où si l'on veut discuter sérieusement, en une ou deux phrases qu'on s'envoie l'un à l'autre, c'est impossible. Donc, les réseaux sociaux, c'est intéressant pour collecter de l'information, mais au moment où vous voulez réellement échanger, il faudra passer sur un autre support, par exemple la voix humaine.”
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Mais il faut savoir également se confronter à des idées contraires, ce qui n’est plus trop possible aujourd’hui avec les algorithmes de nos réseaux sociaux. “Le problème, c'est qu'en étant enfermé par les algorithmes, chacun dans sa sphère, dès qu'on en sort, on fait une expérience curieuse qui est celle de la frustration. Et en plus, pour des gens qui sont habitués à consommer, qui ont été fabriqués comme des consommateurs, la frustration c’est quelque chose d'inacceptable. Or, ne pas être d'accord, c'est nécessairement frustrant. Et donc, savoir un peu, naviguer au milieu des désaccords, sans désespérer de la vérité, en pagayant, en ramant ensemble pour aller chercher cette vérité, ça, c'est une expérience qui vaut la peine d'être vécue”, conclut le philosophe.
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