Le message fort de la réalisatrice afghane Sahra Mani
Quelles sont les interdictions des femmes en Afghanistan ?
Le 15 août 2021, les talibans sont entrés à Kaboul, la capitale de l’Afghanistan. Depuis leur prise du contrôle du pays, la condition de la femme ne cesse de se dégrader dans le pays. “Quand les talibans ont pris le pouvoir en Afghanistan, la première chose qu'ils ont faite, c'était de s'occuper de la condition des femmes, pour la dégrader”, explique Sahra Mani, réalisatrice de Bread and Roses. Ils interdisent aux petites filles de se rendre à l'école au-delà de la sixième, de se rendre à l’université, et pour les femmes, de se rendre à leur travail. Aujourd’hui la situation est telle qu’une femme ne peut plus sortir de chez elle sans chaperon. “La situation empire de jour en jour. On ne sait pas quelle horrible décision ils prendront demain contre les femmes”, confie la cinéaste.
Redonner une voix aux Afghanes à travers la photographie
“Bread and Roses”, un documentaire sur des combattantes
Bien que les femmes soient les principales concernées par ces prises de position restrictives et injustes, Sahra Mani explique que ces décisions nuisent à toute la population. “Tous sont affectés par les décisions injustes que prend ce groupe terroriste contre l'humanité”. Au Festival de Cannes, elle présente son documentaire Bread and Roses, qui suit le quotidien de trois femmes afghanes qui se battent pour retrouver leurs droits et leur autonomie dans un pays sous l’emprise des talibans. Le film est composé de vidéos prises par les héroïnes. “Mon film ne parle pas que des femmes, il parle des humains, de ce qui leur arrive. Si les femmes n'ont pas le droit de s'instruire, elles ne seront sans doute pas des mères parfaites pour leurs enfants, pour leurs fils. La plupart disent : ‘Nous nous battons pour nos filles et nos enfants. Nous nous battons parce que ce qui nous arrive n'est pas juste, on ne devrait pas vivre comme ça. Même si le reste du monde ferme les yeux sur notre situation, nous sommes en vie et nous sommes prêtes à mourir pour avoir ce qu'on veut’", ajoute-t-elle.
Je vous écris de Kaboul: le combat d’une féministe afghane
Car si la prise de Kaboul en 2021 avait ému le monde entier, l’évènement avec le temps, a été de moins en moins relayé. Une disparition médiatique que l’actrice et productrice américaine Jennifer Lawrence a également constatée. Pour continuer de donner la parole aux Afghanes et mettre en lumière leur quotidien, l’actrice décide de réaliser un film. Elle confie son projet à Sahra Mani, réalisatrice afghane qui avait quitté le pays quelques jours avant l’arrivée des talibans pour des raisons professionnelles et qui n’a jamais pu y revenir. C’est donc de cette collaboration que naît le documentaire, présenté en séance spéciale à Cannes. “Ce qui se passe en Afghanistan n'est pas normal. Et le monde, s'il se préoccupe de la justice, et qu'il est honnête, il doit soutenir le peuple afghan. Dans quelques années, un million de terroristes arriveront d'Afghanistan. C'est terrifiant. Il faut y penser, il faut s'en préoccuper. On ne doit pas former des terroristes au 21e siècle, on doit former des artistes”.
La famine menace les enfants afghans depuis le retour des talibans
La réalisatrice, par ce film, explique également que ce problème concerne la population du monde entier dans le présent mais aussi dans le futur. “Pourquoi former des terroristes en Afghanistan? Ça concerne tout le monde. On pense parfois que les rêves prédisent l'avenir proche. Le moment présent, c'est aussi l'avenir. Dans cinq minutes, c'est l'avenir. Alors l'avenir, c'est votre vie, en ce moment”.
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