Joël Dicker donne 5 conseils pour écrire son premier roman
1/ Quand et comment commencer à rédiger ?
Joël Dicker : “Le rythme, il dépend de vous. Il y a des gens qui aiment bien se lever le matin tôt, avant d’aller bosser. Ils se lèvent une heure avant et ils écrivent. Il y a des gens qui sont plutôt de la nuit et qui vont le faire le soir.
Je crois que ça, c’est à vous de trouver ce qui vous convient. Moi, je sais que la nuit, à 21h, je dors. Voilà. Et du coup, moi, par contre, je suis du matin et ça m’arrive de me lever à 3h, 3h30, 4h quand je traîne un petit peu.
Si vous avez un endroit où vous pouvez avoir la paix totale, vous ne prenez pas votre téléphone, vous n’avez pas de WiFi, personne vient vous déranger, et vous savez que pendant cette heure-là, vous pouvez vous consacrer à votre texte, alors ça, c’est bingo, et c’est ce que je vous conseille de faire.”
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2/ Quel sujet et quel plan pour écrire un livre ?
“Il y a deux points vraiment très importants dans le scénario : c’est l’atmosphère, une atmosphère dans laquelle on se sent bien, et des personnages qu’on a envie de retrouver. Ça peut être des personnages pas sympathiques, qui ont des mauvais côtés, et c’est même encore mieux parce que ce qui est ennuyeux, en général, c’est les gentils.
Moi, je travaille sans plan. Pour moi, le meilleur guide, c’est le plaisir, c’est de me dire… Quand je me réveille, je me dis : “Qu’est-ce qu’il se passe aujourd’hui dans le livre ? Est-ce que je vais être surpris ? Est-ce que ce soir, quand je me couche, j’aurai envie de retrouver ce livre ?
Après, il y a des gens qui ont un plan, il y a des gens qui commencent par faire un plan, qui ont leur plan depuis le début-milieu-fin, qui savent exactement si c’est un polar, ils savent exactement quel est le crime, qui commet le crime et comment ça se termine et ça, c’est une technique qui marche aussi.”
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3/ Comment organiser les chapitres d’un roman ?
“Dans mon roman La Vérité sur l'affaire Harry Quebert, la première version, il n’y avait pas de chapitres. C’était un livre de 650 pages qui ne s’arrêtait pas. Et puis, j’ai un de mes copains qui a lu le livre et qui m’a dit : “Le livre est pas mal, mais alors, vraiment, il n’y a pas de chapitres, c’est affreux. Il faut qu’on respire un peu.” Je me suis dit : “Oui, c’est vrai.”
Le rythme du livre, c’est très compliqué, parce que ce n’est pas vous qui décidez du livre, c’est le lecteur. Le lecteur va décider s’il le lit en un soir, en une semaine, en un mois, en un an. Et c’est lui qui va donner le vrai rythme. Donc, vous, auteur, et c’est ça qui me plaît, vous n’êtes qu'un accompagnateur. Vous pouvez faire un chapitre d’une page, vous pouvez faire un chapitre de 500 pages. Il faut que ça vous convienne à vous.
Pour moi, en général, la fin du chapitre, elle doit correspondre à deux choses : d’abord une respiration, elle doit être à un moment donné où le lecteur, il n’en peut plus là, parce qu’il a eu beaucoup d’infos, il s’est passé beaucoup de choses, il y a eu un moment un peu pesant, un peu lourd, il faut qu’il respire... Et donc, ce chapitre, c’est un moment, c’est une pause, où on ouvre une porte, on dit “c’est la pause !” et le lecteur, il a un petit moment pour lui, pour réfléchir, pour intégrer ce qu’il s’est passé, aussi.”
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4/ Comment faire publier un premier roman ?
“Ce qu’il faut, c’est qu’une fois que votre livre est terminé, donc votre livre est fini, vous êtes allé au bout, ça vous a pris des mois, des années peut-être, bravo ! Maintenant, qu’est-ce que vous en faites ?
D’abord, il faut trouver la bonne personne à qui le faire lire chez un bon éditeur et ce n'est pas toujours simple. Vous pouvez envoyer votre texte spontanément à des éditeurs. Si vous le faites, trouvez l’éditeur qui correspond à votre texte.
Il y a des éditeurs de polars, des éditeurs de littérature générale, des éditeurs de romans pour la jeunesse… Ce ne sont pas les mêmes. Si vous avez quelqu’un que vous connaissez qui peut vous aider, votre cousin qui connaît bien un éditeur dans telle maison, demandez-lui de l’aide, demandez-lui qu’il vous mette en contact. Essayez d’aller dans les salons, essayez d’aller par Instagram, par Internet, par tous les moyens qu’on a aujourd’hui d’aller rencontrer des éditeurs, de créer votre réseau à vous. C’est pas simple, mais ça peut vous aider.
Et puis n’oubliez pas, je sais que, et c’était mon cas aussi, on est souvent attiré par des grandes maisons parce que le nom nous plaît et qu’on rêverait d’être édité par une maison prestigieuse, et c’est normal. Mais souvent, vous aurez plus de chances chez un éditeur un peu plus petit, un peu moins connu, qui aura le temps de lire votre texte et puis qui aura le temps de s’occuper de vous après comme auteur, et ça, c’est important aussi.”
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5/ Comment négocier son premier contrat d’édition ?
“Un point hyper important, c’est de se rendre compte qu’en France, le droit, c’est-à-dire quand vous cédez votre livre à un éditeur, il garde les droits, il garde la propriété intellectuelle sur votre texte jusqu’à 70 ans après votre mort. Donc faites attention aux droits que vous cédez.
Moi, je vous conseillerais, par exemple, de garder pour vous les droits audiovisuels, c’est-à-dire les droits pour la télévision ou le cinéma, parce que si vous les cédez directement, votre éditeur sera celui qui sera en charge de les négocier, de les adapter, qui sera celui qui pourra dire oui ou non ou qui pourra se mêler de ce qui se passe. Et ça veut dire que vous n’aurez plus votre mot à dire. Et ça, pour un artiste, c’est difficile.
Voilà. J’espère que ces idées pourront vous aider un peu. Ce n’étaient que mes idées pour vous aider. Si vous en avez d’autres, si vous avez votre façon de faire, tant mieux. C’est très bien aussi. Si vous perdez un peu pied, essayez de retrouver l’élément plaisir, c’est ça qui vous emmènera au bout de votre livre. Bonne écriture ! Amusez-vous !”