Pourquoi on ignore les red flags
“Souvent, il y a les patients qui disent : "Mon instinct m'avait dit de ne pas y aller, je savais qu'il fallait pas que j'y aille et je sais pas pourquoi j'ai été.” Donc on est conscient, véritablement, qu'il y a quelque chose à ne pas faire, et pourtant, même si on en a conscience, il y a l'inconscient qui arrive derrière et qui vient un peu plus pousser” explique Paola Scemama, neuropsychologue et psychologue clinicienne. Selon elle, “il y a de plus en plus de gens qui vont ignorer ces red flags. (...) C'est très générationnel de vouloir accepter une situation qui n'est pas forcément bonne pour soi parce qu'on veut retirer ce petit plaisir immédiat plus que parce qu'on a pris conscience des dégâts à long terme. Quand je dis générationnel, ça ne veut pas dire que c'est forcément les jeunes, ça veut dire que c'est tous les gens depuis une trentaine d'années, mais qu'importe l'âge finalement, on est rentré dans une génération, une situation, une mobilisation de ce tout, tout de suite, maintenant”.
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“On peut avoir un besoin émotionnel qui est très important, qui est profond”
“Chacun va avoir ses propres red flags” décrit Paola Scemama, qui ajoute : “Les miens ne vont pas être les mêmes que ceux de mon voisin, de mes amis, etc. On a des red flags différents car ils sont fonction de nos expériences personnelles, de nos relations, de notre vie familiale, de ce qu'on a pu déjà comprendre des red flags. Et puis surtout, les miens vont être différents parce que je vais avoir aussi des limites qui vont être différentes, des visions de vie qui vont être différentes”. Elle rappelle néanmoins que certains signaux sont universels. Ce sont “les insultes, les menaces, les violences physiques, verbales, etc.” Il peut y avoir une série de raisons qui poussent une personne à continuer alors que tous les voyants sont au rouge.
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“Il va y avoir des comportements de minimisation. Cela s'appelle un biais de jugement. A ce moment-là, notre conscience est altérée. On va être plutôt aveuglé par le bénéfice à court terme plutôt qu'à long terme. On peut avoir aussi un besoin émotionnel qui est très important, qui est profond et qui va faire qu'on est dans la recherche absolue de ce couple où on a l'impression finalement qu'on a besoin de l'autre juste parce qu'on a très peur d'être seul. On peut aussi retrouver des personnes qui ont eu des expériences dans leur enfance, familiales, mais aussi des expériences de relations qui vont les amener à être un peu dépendantes de ce type de relation qui n'est pas forcément saine” indique neuropsychologue et psychologue clinicienne.
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“Le red flag va venir instaurer une relation de l'ordre de la soumission et de la dépendance”
“Il peut y avoir des situations amoureuses où on va se poser des questions. On peut simplement se dire qu’on n'est pas d'accord sur des visions de vie, des bords politiques... Ça, c'est simplement quelque chose de l'ordre du désaccord. Après, le red flag va venir instaurer une relation qui va être plutôt de l'ordre de la soumission et de la dépendance. Donc on va se poser d'autres questions. La première, ça va être : est-ce que je suis capable de dire non ou est-ce que l'autre aussi est capable de me dire non? Pour ne pas qu'il y ait une relation de soumission, dépendance. Donc si je suis capable de dire non, alors je suis encore libre dans cette relation”.
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“La deuxième question fondamentale, ça va être : est-ce que je n'attends pas trop de cette personne ou est-ce que cette personne n'attend pas trop de moi ? C'est-à-dire : est-ce que je suis toujours dans l'attente d'un changement ou est-ce que l'autre attend de moi un changement qui fait que je ne me sens jamais à la hauteur ? Donc à la fois : est-ce que je me sens écouté ? Pas seulement compris, mais plutôt écouté, parce qu'on peut ne pas comprendre l'autre, mais ce n'est pas pour autant qu'on est ignoré. Et aussi : est-ce que, j'ai une forme de reconnaissance de la personne que je suis ou on attend en permanence quelque chose d'autre de moi, ou moi, j'attends quelque chose d'autre de la personne avec laquelle je suis ? Et donc, dans ces cas-là, que je ne suis pas dans une relation qui va être d'égalité, qui va être saine et sereine” conclut Paola Scemama.