Une vie : James Baldwin
Il est l'un des plus grands écrivains du 20e siècle. Noir et gay dans une Amérique raciste et homophobe, il a mis son art au service de la lutte pour les droits civiques. Voici la vie de James Baldwin.
James Baldwin, voix de l’Amérique noire
Il est l'un des plus grands écrivains du XXème siècle. Noir et gay dans une Amérique raciste et homophobe, il met son art au service de la lutte pour les droits civiques.
« L'une des choses qui accablent le plus ce pays est que les Blancs ne savent pas qui ils sont ni d'où ils viennent. C'est pourquoi vous pensez que je suis un problème. Mais ce n'est pas moi le problème, c'est votre histoire ! » déclarait James Baldwin en 1986. Ce discours antiraciste d’avant-garde, il l’a façonné des années durant, en écrivant ses romans et en participant aux mouvements pour les droits civiques.
« J’ai commencé à détester ce Dieu qui était blanc »
James Baldwin est né d'une mère célibataire à Harlem en 1924, dans une Amérique de l'après-dépression marquée par la ségrégation raciale. Dernier d’une fratrie de neuf enfants, James Baldwin a une relation difficile avec son beau-père, un fanatique religieux. Il réalise dès son plus jeune âge qu'il veut être écrivain.
Pourtant, entre 14 et 17 ans, il s’engage en tant que jeune prêcheur pentecôtiste. Il est toutefois rapidement désillusionné par la position de l'Église sur la soi-disant inégalité raciale et l'homosexualité. « Cette espèce de compromis. Cette espèce de rigidité. J’ai commencé à détester ce Dieu qui était blanc », se souvient-il en 1972. James Baldwin relate par la suite cette expérience dans son premier roman, La Conversion.
À 24 ans, il s'installe à Paris pour prendre du recul face à la toxicité de l'Amérique
Adolescent, il ne sait comment assumer son homosexualité. Après son diplôme d'études secondaires, il occupe plusieurs emplois pour aider sa famille. Pendant cette période, il est souvent confronté à des discriminations. À 24 ans, il s'installe donc à Paris pour prendre du recul face à la toxicité de l'Amérique.
À 31 ans, il publie un essai détaillé, Chroniques d’un enfant du pays, dans lequel il explore l’exil racial, social et culturel aux États-Unis. L'année suivante, il publie La Chambre de Giovanni, un roman centré sur une relation homosexuelle entre deux hommes qui suscite la controverse.
Il côtoie Martin Luther King et débat avec Malcolm X
À 32 ans, il retourne aux États-Unis, alors que le Congrès débat de la législation sur les droits civiques. Il décide alors d'aller dans le Sud pour rendre compte de ce qui est en train de se passer. C’est là qu’il rencontre Martin Luther King. Cette période de sa vie a une influence profonde sur son écriture : au cours des années suivantes, il s'engage auprès du Congress of Racial Equality, ce qui lui permet de donner des conférences sur l'inégalité raciale.
À 38 ans, il publie La prochaine fois, le feu, dans lequel il affirme que le rêve américain est loin d'être une réalité, en partie en raison du refus de l'Amérique de s'attaquer à son propre passé. En 1963, il débat avec Malcolm X du rôle de l'identité noire en Amérique. Contrairement à Malcom X, James Baldwin croit aux effets des manifestations non violentes.
Il meurt à 63 ans
La même année, il rencontre le procureur général des États-Unis, Robert Kennedy. L’événement est « officieux » et a lieu avec d'autres personnalités éminentes noires pour discuter de l'état des relations interraciales. À la fin de l'année 1963, il fait la couverture du magazine TIME en tant que voix majeure de l'égalité en Amérique.
En 1964, le Civil Rights Act est promulgué. Les années suivantes, James Baldwin vit les meurtres de Malcolm X et de Martin Luther King. À 55 ans, il commence un manuscrit, Remember This House, mémoires de ses expériences personnelles avec eux, ainsi qu’avec le militant des droits civiques Medgar Evers. En 1970, il se retire dans le sud de la France et passe les dernières années de sa vie dans sa maison de Saint-Paul de Vence. Il continue à écrire jusqu'à sa mort, à 63 ans.
Maud Le Rest

James Baldwin, voix de l’Amérique noire
Il est l'un des plus grands écrivains du XXème siècle. Noir et gay dans une Amérique raciste et homophobe, il met son art au service de la lutte pour les droits civiques.
« L'une des choses qui accablent le plus ce pays est que les Blancs ne savent pas qui ils sont ni d'où ils viennent. C'est pourquoi vous pensez que je suis un problème. Mais ce n'est pas moi le problème, c'est votre histoire ! » déclarait James Baldwin en 1986. Ce discours antiraciste d’avant-garde, il l’a façonné des années durant, en écrivant ses romans et en participant aux mouvements pour les droits civiques.
« J’ai commencé à détester ce Dieu qui était blanc »
James Baldwin est né d'une mère célibataire à Harlem en 1924, dans une Amérique de l'après-dépression marquée par la ségrégation raciale. Dernier d’une fratrie de neuf enfants, James Baldwin a une relation difficile avec son beau-père, un fanatique religieux. Il réalise dès son plus jeune âge qu'il veut être écrivain.
Pourtant, entre 14 et 17 ans, il s’engage en tant que jeune prêcheur pentecôtiste. Il est toutefois rapidement désillusionné par la position de l'Église sur la soi-disant inégalité raciale et l'homosexualité. « Cette espèce de compromis. Cette espèce de rigidité. J’ai commencé à détester ce Dieu qui était blanc », se souvient-il en 1972. James Baldwin relate par la suite cette expérience dans son premier roman, La Conversion.
À 24 ans, il s'installe à Paris pour prendre du recul face à la toxicité de l'Amérique
Adolescent, il ne sait comment assumer son homosexualité. Après son diplôme d'études secondaires, il occupe plusieurs emplois pour aider sa famille. Pendant cette période, il est souvent confronté à des discriminations. À 24 ans, il s'installe donc à Paris pour prendre du recul face à la toxicité de l'Amérique.
À 31 ans, il publie un essai détaillé, Chroniques d’un enfant du pays, dans lequel il explore l’exil racial, social et culturel aux États-Unis. L'année suivante, il publie La Chambre de Giovanni, un roman centré sur une relation homosexuelle entre deux hommes qui suscite la controverse.
Il côtoie Martin Luther King et débat avec Malcolm X
À 32 ans, il retourne aux États-Unis, alors que le Congrès débat de la législation sur les droits civiques. Il décide alors d'aller dans le Sud pour rendre compte de ce qui est en train de se passer. C’est là qu’il rencontre Martin Luther King. Cette période de sa vie a une influence profonde sur son écriture : au cours des années suivantes, il s'engage auprès du Congress of Racial Equality, ce qui lui permet de donner des conférences sur l'inégalité raciale.
À 38 ans, il publie La prochaine fois, le feu, dans lequel il affirme que le rêve américain est loin d'être une réalité, en partie en raison du refus de l'Amérique de s'attaquer à son propre passé. En 1963, il débat avec Malcolm X du rôle de l'identité noire en Amérique. Contrairement à Malcom X, James Baldwin croit aux effets des manifestations non violentes.
Il meurt à 63 ans
La même année, il rencontre le procureur général des États-Unis, Robert Kennedy. L’événement est « officieux » et a lieu avec d'autres personnalités éminentes noires pour discuter de l'état des relations interraciales. À la fin de l'année 1963, il fait la couverture du magazine TIME en tant que voix majeure de l'égalité en Amérique.
En 1964, le Civil Rights Act est promulgué. Les années suivantes, James Baldwin vit les meurtres de Malcolm X et de Martin Luther King. À 55 ans, il commence un manuscrit, Remember This House, mémoires de ses expériences personnelles avec eux, ainsi qu’avec le militant des droits civiques Medgar Evers. En 1970, il se retire dans le sud de la France et passe les dernières années de sa vie dans sa maison de Saint-Paul de Vence. Il continue à écrire jusqu'à sa mort, à 63 ans.
Maud Le Rest