De la prison à la Ligue 1, Gaël Angoula raconte son parcours

C'est ce qu'on appelle une trajectoire inédite. Incarcéré à 19 ans, il a su rebondir jusqu'à devenir joueur de football professionnel à Bastia, Nîmes ou Angers. Aujourd'hui, à 41 ans, il est toujours sur les pelouses de Ligue 1, mais en tant… qu'arbitre pro. Gaël Angoula nous raconte son parcours.

Le football a toujours fait partie de ma vie. Je suis un enfant issu d’un quartier difficile du Havre. Je n’avais pas l’ambition d’être joueur professionnel, mais c’était tout le temps la partie de foot en bas avec les copains, le foot en salle, les tournois inter-quartiers… Ça a animé toute ma jeunesse” se souvient Gaël Angoula, ancien joueur de football devenu arbitre. “À un moment, j’avais un peu lâché, puisque j’avais pas forcément pris un bon chemin… J’ai fait des bêtises et j’ai payé pour ça. J’ai été incarcéré à 19 ans pratiquement une année. Ça a été difficile, dans le sens où on ne réfléchit pas trop quand on fait des bêtises et on se rend compte après le premier parloire qu’on fait du mal aux gens qu’on aime.”  

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J’ai su me remettre dans le droit chemin, et avancer”


De la prison, le jeune homme, alors âgé de 19 ans, reçoit une promesse d’embauche. “Elle a été transmise à la juge d’instruction, ce qui m’a permis de sortir de prison, afin de regagner le club de Bois-Guillaume, avec un contrôle judiciaire assez poussé, c’est-à-dire pas le droit d’aller dans ma ville, pas le droit de fréquenter les gens qui étaient dans mon dossier, etc.” explique Gaël Angoula. “Petit à petit, je monte au plus haut niveau. Je découvre la Ligue 1 en 2013. Si je voulais aller en Ligue 1, dans ma tête, c’était clair, un club n’allait pas venir me chercher. Donc j’ai toujours tout donné pour les maillots que j’ai portés. Et ça a été le cas quand je suis arrivé à Bastia, c’est-à-dire en 2010. J’ai su me rendre important dans l’équipe”. 

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En 2016, Gaël Angoula part d’Angers pour arriver au Nîmes Olympiques, où il signe trois ans. “Et lors de cette première année, qui se passe bien au Nîmes Olympique, je rencontre un arbitre de Ligue 1, international, qui nous avait arbitré, au sein du club. Donc je vais le voir. Cet arbitre-là est Nicolas Rainville et on discute. Les conversations durent et je commence à regarder ses déplacements, ses matchs à lui. Et je lui pose la question : est-ce qu’il y a des anciens joueurs qui ont fait ça ? Il me dit que oui, mais qu’aucun joueur de Ligue 1 ne l’avait fait auparavant. Mais là, c’est vraiment de la curiosité”.

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Mes coéquipiers à ce moment-là me disent : “T’es malade!””


Nicolas Rainville présente Gaël Angoula “à des gens de la Ligue qui sont compétents pour s’occuper de moi et je rencontre ces personnes-là qui me font une licence d’arbitre. On jouait le vendredi, à l’époque, en Ligue 2. Donc je jouais le vendredi avec Nîmes et j’ai été convoqué sur un premier match d’arbitre, avec une tenue d’arbitre, sur un match de 17 ans, à Nîmes, le samedi. Et c’était dur. Physiquement, ça a été difficile. Fallait aller d’un but à l’autre alors que j’avais joué la veille, j’étais mort. Mais c’était plaisant, j’avais trouvé ça plaisant”. Après en avoir discuté avec sa femme, Gaël Angoula décide de rompre son contrat avec son club en tant que joueur pour passer l’examen fédéral pour prétendre devenir arbitre. 

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Mes coéquipiers à ce moment-là me disent : “T’es malade!”. Ça a été deux mois et demi de révisions intensives pour passer l’examen fédéral et cette réussite à l’examen qui me donnait le droit d’arbitrer pour la Fédération française de football. En National je finis major, je monte en Ligue 2, je passe quatre années en Ligue 2, et aujourd’hui, j’arrive en Ligue 1” détaille Gaël Angoula. “C’est une fierté, parce que, d’après les sources, au niveau mondial, ça ne s’est jamais vu.” L’ancien joueur de football n’a pas le droit d’arbitrer les clubs dans lesquels il est passé. Fier de son parcours, il souhaite également rappeler que la “seconde chance” est ce qui l’a sauvé : “J’ai fait des bêtises, on m’a tendu la main… Et j’ai pas récidivé, et j’ai su me remettre dans le droit chemin, et avancer. Beaucoup de jeunes ou de moins jeunes se retrouvent dans ma situation, et moi, je m’en suis sorti par le sport, mais il y a des gars qui sont incarcérés qui sont de bons plombiers, de bons électriciens, etc. Ça en vaut le coup”.

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