Hong Kong : le bilan de l'incendie monte à 159 morts après l'inspection de tous les immeubles

Photo by Isaac Lawrence / Getty Images
Le bilan de l'incendie le plus meurtrier à Hong Kong depuis des décennies s'élève désormais à 159 morts, dont la plus jeune victime avait un an, après que tous les immeubles touchés ont été inspectés, a déclaré mercredi la police, soulignant que le bilan pourrait encore s'alourdir.
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"Nous avons retrouvé 159 corps, dont 140 ont été identifiés de manière préliminaire, (à savoir) 49 hommes et 91 femmes, âgés de 1 à 97 ans", a déclaré le commissaire de police Joe Chow lors d'une conférence de presse.

Il s'agit d'un "bilan provisoire" à l'issue des recherches dans les bâtiments, mais qui peut être révisé, a souligné M. Chow, car les agents ont trouvé des "ossements humains suspects" qui doivent faire l'objet d'analyses médico-légales.

Le feu a ravagé mercredi de la semaine dernière cinq des sept tours du complexe résidentiel en rénovation de Wang Fuk Court, dans le district nord de Tai Po, forçant des milliers de personnes à quitter leur domicile.

Selon les autorités, les flammes se sont propagées rapidement via les filets utilisés sur des échafaudages, non conformes aux normes incendie.

Mercredi, les personnes en deuil continuaient d'affluer près des bâtiments calcinés, déposant des centaines de bouquets et des messages de souvenir pour les victimes. 

"Apaiser leur chagrin"

"J'espère que les gens pourront venir ici pour apaiser leur chagrin", a déclaré Sarah Lam, une femme dans la vingtaine, ajoutant que les victimes avaient subi "de nombreuses injustices".

Pour Forrest Li, 26 ans, ce lieu de recueillement est un "pont" permettant "la communication et l'expression du chagrin" avec "ceux séparés de part et d'autre (de la vie et de la mort)".

Mercredi, les résidents de la seule tour non touchée par les incendies à Wang Fuk Court ont été autorisés à rentrer brièvement chez eux pour récupérer leurs affaires. 

Les autorités avaient précédemment déclaré que l'incendie dans l'ensemble immobilier datant des années 1980, où d'importantes rénovations étaient en cours, avait probablement été aggravé par l'utilisation de filets de protection qui ne respectaient pas les normes de résistance au feu.

La secrétaire au Développement Bernadette Linn a, en conséquence, ordonné mercredi que tous les bâtiments de Hong Kong en cours de maintenance majeure retirent leurs filets d'ici samedi.

Le chef de l'exécutif local John Lee a de son côté lancé une mise en garde politique à l'adresse de ceux qui "exploitent la tragédie".

Il a condamné mercredi les "forces hostiles de l'extérieur (qui) ont profité du désastre pour semer le trouble et inciter au chaos". 

"Tous les actes et paroles visant à déstabiliser Hong Kong seront enregistrés et poursuivis à vie", a de son côté affirmé le Bureau pour la sauvegarde de la sécurité nationale. "Toutes les conspirations (...) seront éradiquées", selon l'organisme.

L'organisme anti-corruption de Hong Kong et la police, qui mènent une enquête conjointe sur l'incendie, le pire depuis 1948, ont arrêté 15 personnes, dont des chefs d'entreprise, soupçonnées d'homicide involontaire.

Six autres personnes ont été également arrêtées pour d'autres chefs d'accusation, notamment des alarmes incendie qui ont mal fonctionné au moment du sinistre.

"Mur de la démocratie"

Alors que Hong Kong ploie sous une chape de tristesse, les médias locaux ont rapporté l'arrestation de plusieurs personnes interrogeant les causes du sinistre et réclamant que justice soit faite, à l'instar d'un étudiant de 24 ans, Miles Kwan, à l'origine avec d'autres d'une pétition en ligne qui a été retirée depuis.

Un journaliste de l'AFP a vu lundi Miles Kwan quitter le commissariat du district de Cheung Sha Wan en taxi.

L'accès à un tableau d'affichage géré par l'union des étudiants à l'Université Baptiste de Hong Kong – surnommé "mur de la démocratie" – a été bloqué mercredi, a constaté un journaliste de l'AFP. 

Le message collé sur le tableau, qui restait visible derrière de hautes barricades, disait: " Nous sommes des Hongkongais. Exhortons le gouvernement à répondre aux demandes afin que justice soit rendue".

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