"Nous attendons que la justice soit ferme" et rende "une peine exemplaire", a martelé à l'AFP le père de la victime, Christophe Marchais fin avril, en amont d'une journée d'hommage à laquelle ont participé plusieurs centaines de personnes, dont les parents de Matisse.
Avec ce drame, "on nous a collé +perpète+, que vont penser ces jeunes capables de faire le terrible pas, s'ils se disent que c'est pas cher payé ?", a pointé M. Marchais.
Le procès du suspect, un adolescent désormais âgé de 16 ans, doit se tenir à partir de lundi et jusqu'au 28 mai devant le tribunal pour enfants de la ville, préfecture de l'Indre de 43.000 habitants.
A l'origine des faits survenus le 27 avril 2024, "une battle de rap", selon le père de Matisse. "C'était une battle, classique, où ça se clashe. Matisse s'est moqué, l'autre l'a mal pris. Ils se sont battus, Matisse a eu le dessus", a-t-il raconté. Le principal suspect serait alors "rentré chez lui, puis est revenu avec un couteau, et il l'a planté".
Oise : vers la mise en examen de trois lycéens pour meurtre d'un mineur avec une machette
"Gifles"
L'adolescent a succombé à ses blessures, après plusieurs coups de couteau, dont un ayant atteint directement le coeur, lors de cette "rixe" dans le quartier Saint-Denis de la ville.
Conformément aux dispositions procédurales applicables, l'audience se déroulera "à huis clos" et sans accès presse, devant le tribunal pour enfants statuant en matière criminelle.
"Les faits sont qualifiés de meurtre, punissables de 30 ans de réclusion", mais "compte tenu de l'excuse obligatoire de minorité" en raison de l'âge du suspect, moins de 16 ans au moment des faits, il encourt une peine maximale de 15 ans de prison, a indiqué à l'AFP David Marcat, le procureur de la République de Châteauroux, qui assurera la place du ministère public à l'audience.
L'instruction, qualifiée de "très rapide" par plusieurs observateurs, a notamment été accélérée par la détention provisoire d'un an déjà effectuée par le mineur, mais "sans prolongation possible" compte tenu de son âge, a précisé M. Marcat.
La mère du suspect, âgée de 37 ans au moment des faits, avait également été mise en examen et placée sous contrôle judiciaire. Cette dernière aurait "asséné des gifles à la victime", comme l'avait alors écrit le parquet de Bourges, qui s'était saisi du dossier.
"Douleur"
Elle sera "prochainement jugée devant le tribunal correctionnel pour les faits qualifiés de violence sur personne vulnérable sans incapacité", a assuré le procureur, sans pour l'heure communiquer la date du procès.
Après le drame, la nationalité afghane du principal suspect et de sa mère - en situation régulière en France -, avait conduit plusieurs figures de l'extrême droite à dénoncer la "politique migratoire" du gouvernement.
Pour éviter tout débordement et "garantir la sérénité des débats", le préfet de l'Indre Thibault Lanxade a assuré à l'AFP qu'un "périmètre de tranquillité" serait mis en place autour du tribunal, assuré par une présence policière renforcée.
La douleur reste très vive dans la cité castelroussine à l'approche du procès et des images de l'adolescent et de loutres, clin d'oeil au surnom donné à Matisse par ses parents restaurateurs, décorent encore de nombreuses vitrines de commerçants.
Il y a un an, une marche blanche avait réuni quelque 8.000 personnes dans le centre. 2.000 personnes avaient participé à la cérémonie organisée au stade municipal, trois jours plus tard.
Plusieurs centaines de personnes s'étaient aussi mobilisées fin avril lors de la journée hommage consacrée à l'adolescent, où le maire Gil Avérous (DVD) avait décrit "l'immense tristesse de toute une ville".
"Aujourd'hui, parler aux jeunes est devenu notre idée, notre combat", a dit Christophe Marchais, quand la mère du jeune homme, Cécile Cacciatori, a dit "s'efforcer de transformer notre tristesse en immense bienveillance".
Isère : un mineur de 17 ans jugé pour le meurtre de ses parents