Une infirmière de l'AP-HP conteste son licenciement pour avoir refusé d'ôter son calot

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Une infirmière de la Pitié-Salpétrière (AP-HP) a contesté mardi en référé, devant la justice administrative, son licenciement et sa révocation de la fonction publique pour avoir refusé de manière répétée d'ôter son calot chirurgical, un couvre-chef fréquemment utilisé à l'hôpital.
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Infirmière depuis 2018 dans cet hôpital de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris, Majdouline B. a été licenciée le 10 novembre 2025. Depuis un an, la direction lui reprochait de porter quotidiennement et en toute circonstances un calot, équipement de protection en tissu, porté habituellement au bloc opératoire ou en réanimation. 

Au cours de l'année, elle a fait l'objet de six convocations et d'un blâme, jusqu'à un conseil disciplinaire en octobre. 

Dans un premier temps, "l'AP-HP lui a reproché de porter ce couvre-chef pour des raisons qui relèvent de ses supposées convictions religieuses", estimant ainsi "qu'il portait atteinte au principe de neutralité des services publics" et contrevenait au guide de la laïcité diffusé aux équipes, a expliqué devant le tribunal l'avocat de Majdouline B., Me Lionel Crusoé.

Mais Majdouline B. n'a jamais revendiqué d'appartenance religieuse, indiquant simplement que le port de cet équipement relevait de "sa vie privée". L'argument de la laïcité "a finalement été écarté", a-t-il ajouté. 

"On me révoque pour mon apparence"

L'AP-HP l'a sanctionnée car elle "refusait d'obéir à une règle" justifiée par des questions "d'hygiène", qui "interdit de porter le calot de manière continue, dans des zones où il n'est pas prescrit", en particulier un calot "qui n'est pas fourni par l'établissement", "entre et ressort" des locaux, a indiqué l'avocate de l'AP-HP, Me Violaine Lacroix.

L'AP-HP se fonde notamment sur des recommandations de 2014 du comité de lutte contre les infections nosocomiales.

Mais, selon Me Crusoé, "aucune loi, aucun règlement" et "aucune donnée objective" n'interdisent le port du calot dans le service de médecine interne où elle travaillait. 

Majdouline B. "justifie de la reconnaissance et de l'admiration de ses collègues" et "a été en première ligne pendant la crise sanitaire" du Covid-19, a plaidé Me Crusoé. Il a aussi assuré qu'à l'AP-HP, d'autres femmes portent le calot, notamment en cas d'alopécie ou de perte de cheveux après un cancer.

Majdouline B. voit pour sa part dans ce licenciement "une discrimination et une injustice".

"On me révoque pour mon apparence et non pour mes compétences professionnelles", a-t-elle expliqué à l'AFP, assurant qu'elle portait ce calot depuis son embauche et que "pendant le Covid, tout le monde portait calot, masques, surblouse". "Aujourd'hui mon calot dérange. Je ne comprends pas", a-t-elle dit.

Le jugement est attendu dans une à deux semaines.

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