Les multiples vies de la baronne d’Oettingen

Baronne, poète, romancier, peintre… Hélène d’Oettingen a passé sa vie à changer d'identité au gré de ses envies. Son rapport aux hommes, à la sexualité, à son corps et aux vêtements ont fait d'elle une pionnière au siècle dernier. Thomas Snégaroff raconte la vie de cette femme oubliée.

Mon arrière-grand-père était imprimeur d'art à Paris, à Montparnasse. ll est mort à la fin des années 1950. Et quand mon grand-père, donc son fils, est mort en 2005, j'ai hérité du bureau d'imprimeur de mon arrière-grand-père. Et dans ce bureau, il y avait un tiroir qui ne s'ouvrait pas” raconte Thomas Snégaroff, historien et auteur de Les Vies rêvées de la baronne d'Oettingen. Dans ce tiroir, il trouve un document d’imprimeur, un manuscrit et une pochette qui contient trois portraits : deux portraits de son arrière-grand-père et un autoportrait de femme. “Et au bas de ces trois portraits, la même signature. Je fais appel à un expert en art qui me dit : "Mais c'est bien simple, c'est François Angiboult.” C’est en fait le nom d'artiste peintre de la baronne d'Oettingen”. 

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François Angiboult, Roch Grey, Léonard Pieux, la baronne d’Oettingen : une seule et même personne 


La baronne d’Oettingen “avait trois, voire quatre identités. Elle avait d'abord son nom, la baronne d'Oettingen, qui est une identité, j'allais dire, volée. Elle a été mariée avec un baron d'Oettingen, mais pendant un an seulement, ça s'est très, très, très mal passé. Elle a conservé le nom, qui était assez chic, et elle s'est fait appeler Hélène, et non pas Elena, en arrivant à Paris, parce qu'elle vient d'Ukraine, et parce que pour elle, c'était plus parisien” explique Thomas Snégaroff. Ses autres identités sont : François Angiboult en tant que peintre, Roch Grey, en tant que romancier et Léonard Pieux, en tant que poète. 

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Ce qui est frappant, c'est qu'elle passait de l'une à l'autre presque au gré de ses envies” décrit l’historien. “Le matin, elle regardait son miroir et elle se disait: "Tiens, aujourd'hui, je suis François Angiboult.” Et elle vivait comme un homme toute la journée. Elle avait évidemment une forte conscience de sa féminité. C'est une femme qui n'hésitait pas à s'habiller comme elle le désirait : en homme, en femme, très sexy ou pas”. Pour Thomas Snégaroff, la baronne d’Oettingen fait partie des “femmes oubliées de l’histoire”. “Il y a son rapport au genre qui est ultra-moderne. On parle de 1924. A l'époque, c'est une pionnière. Il y a d'autres femmes, comme ça, qui jouent sur le masculin-féminin, mais elle, elle est peut-être allée le plus loin dans ce jeu de genre et dans cette fluidité de genre. En ça, c'est extrêmement, extrêmement moderne”. 

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