"Pour Fatima (la belle-soeur), oui. Pour ma femme, c'était un accident", a répondu Mohamed O. sur les faits qui lui sont reprochés.
Le verdict du procès de cet ouvrier du bâtiment de nationalité marocaine, arrivé en France en 2017 et sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF), est attendu mercredi.
Mohamed O. et Halima Z., 26 ans, étaient mariés depuis décembre 2020 et avaient une fillette de 10 mois. Ils avaient vécu à Cavaillon (Vaucluse) mais depuis quelques semaines, le couple étant en crise, la jeune femme avait quitté le domicile conjugal et s'était installée à Les Salles du Gardon (Gard), pour se rapprocher de sa famille.
Le 5 mai 2023, Mohamed O. se rend dans cet appartement, dont il affirme qu'il payait le loyer, et se dispute violemment avec sa belle-soeur Fatima (39 ans), lui reprochant sa supposée "influence".
Puis il lui assène 14 coups de couteau, dont un, mortel, dans la région du coeur, selon l'autopsie. Il s'en prend ensuite à son épouse, lui donnant trois coups de couteau, dont un de type "égorgement", selon les médecins légistes.
"Par colère"
En intervention au domicile et témoin du drame, une esthéticienne a été sommée par Mohamed O. de l'accompagner au commissariat, où il reconnaissait avoir tué son épouse et sa belle-soeur "par colère".
Mohamed O. a "d'abord dit que les faits concernant son épouse étaient accidentels, puis expliqué que c'était son avocat qui lui avait dit de dire ça", a expliqué à l'audience Annabelle Montaigne, auteur de l'expertise psychologique.
L'accusé a aussi dressé une longue liste de reproches envers sa belle-famille, et en particulier envers sa belle-soeur, lui reprochant de pousser son épouse à consommer du cannabis et de l'alcool.
"Il y a chez lui une absence totale de remise en question. Il estime tout faire pour sa femme et sa fille et reporte la responsabilité sur autrui", a ensuite expliqué l'expert psychiatre, le Dr Laurent Layet.
"Il tombe sur la belle-soeur, qui lui dit 'Rends-moi les clés'. Mais il est incapable d'accepter la perte de tout, de son statut, de sa femme... Alors il s'en prend à sa belle-soeur et à sa femme", poursuit le psychiatre.
Après l'audition de témoins lundi après-midi et mardi matin, Mohamed O. doit être interrogé sur les faits mardi après-midi. Le réquisitoire et la plaidoirie de la défense sont prévus mercredi matin.