"Le rapport sur le frérisme, la mort d'Elias ou les violences en marge du match du PSG choquent à juste titre les Français. Mais on ne doit ni légiférer à chaud, ni dans l’émotion", plaide l'ex-Première ministre, dans un entretien paru samedi.
"Ce serait bien d'éviter la surenchère de mesures éculées, qu'on trouve sur étagère à chaque actualité dramatique. On doit s'attacher à identifier les causes qui conduisent à ces faits, à apporter avec sang-froid des réponses cohérentes, efficaces et réalistes", insiste-t-elle.
La ministre était interrogée sur les nombreuses propositions sécuritaires émanant du ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, de la Justice, Gérald Darmanin, ou du patron des députés macronistes, Gabriel Attal, dans un contexte de compétition pour la présidentielle 2027.
"L'action du gouvernement ne se mesure pas en décibels"
"Sans doute que la future élection présidentielle pousse certains à s'exprimer de façon très médiatique... Je pense qu'il vaut mieux privilégier la réflexion, le fond et les vraies réponses", grince en retour Elisabeth Borne.
"Je pense nécessaire de rappeler que l'action du gouvernement ne se mesure pas en décibels sur les sujets régaliens", fait-elle encore valoir.
Numéro deux du parti Renaissance, et entretenant des relations notoirement houleuses avec Gabriel Attal qui dirige le mouvement, Elisabeth Borne a de nouveau épinglé la proposition de celui-ci d'interdire le port du voile dans l'espace public aux mineures de moins de 15 ans, qu'elle juge "inconstitutionnelle et inapplicable".
"Ce sont des sujets lourds, compliqués, qui posent des questions de libertés publiques, de cohésion nationale. Ils méritent de la réflexion, des débats au sein du parti", renchérit-elle, déplorant "que cela n'ait pas été le cas".
Quant à la course de petits chevaux pour 2027 qui présente un casting pour l'heure quasi exclusivement masculin, "cela ne me surprend pas", ironise-t-elle.
"Peut-être que les femmes sont davantage attachées à faire les choses dans l'ordre, c'est-à-dire à travailler sur un projet, plutôt que de se poser des questions d'ego, en fait", ajoute-t-elle.