La petite-fille, 33 ans, a expliqué avoir voulu soulager les souffrances de son grand-père de 95 ans alité et maigre, dont elle était très proche et qui, selon elle, lui "demandait à mourir". Sa peine ferme sera aménagée en détention à domicile avec un bracelet électronique.
"C'est une juste peine, c'est-à-dire que la cour, elle ne s'est pas trompée", a réagi son avocat Me Thibaud Claus à l'issue du verdict, après avoir plaidé "l'acte d'amour" de l'accusée.
A l'énoncé du verdict, cette mère de deux enfants a fondu en larmes dans les bras de son conseil, puis dans ceux de sa famille, qui a fait bloc derrière elle tout au long du procès.
"Souffrances puissantes"
La cour a retenu l'altération du discernement d'Emilie G., en "état de dissociation" au moment des faits - un état second en réaction à un traumatisme -, selon un expert psychiatre, mais a souligné l'"extrême gravité" d'un "incendie volontaire" qui a infligé des souffrances "puissantes" à une personne "très âgée, sans défense".
Quelques heures avant le drame, le conjoint de la jeune femme lui avait annoncé qu'il la quittait en lui révélant un adultère, "déclenchant" le passage à l'acte de l'accusée, selon une psychologue.
"Quand on aime, on ne brûle pas", avait déclaré l'avocat général Eric Mazaud en requérant quinze ans de réclusion criminelle, soit la même peine que celle réclamée en première instance, où la jeune femme avait été condamnée à cinq ans de prison avec sursis.
Souvent en larmes à la barre, elle a dit regretter son geste, peinant toutefois à l'expliquer, car "le feu c'est atroce, c'est inhumain".
"Il n'est pas mort en douceur, ce n'est pas un geste d'amour", a estimé le représentant du ministère public, qui avait fait appel du premier verdict, jugeant la peine "totalement incompréhensible".
En août 2020, le grand-père avait été retrouvé mort asphyxié et à moitié carbonisé dans son lit médicalisé chez une de ses filles, où il était hébergé, à Saint-Laurent-de-Mure (Rhône).
Interpellée deux mois plus tard, sa petite-fille avait reconnu avoir mis le feu au lit mais elle ne "voulait pas le brûler", seulement l'asphyxier avec la fumée, a-t-elle expliqué à la barre.
Elle a dit avoir déversé du carburant sur la literie "sans regarder" et en tremblant, mais le dépôt a été "minutieux, précis" selon un expert incendie entendu comme témoin.
"Mort infernale"
"Vous lui avez prévu les flammes, la suie, l'obscurité", "c'est une mort infernale que vous lui avez réservée", a asséné l’avocat général, réclamant aux jurés "la juste peine" pour un "assassinat dans des conditions atroces".
Alité depuis des années, le grand-père, équipé d'une sonde urinaire et de couches, ne mangeait plus, refusait les douches et "en avait marre, clairement", a indiqué à la barre une de ses anciennes auxiliaires de vie.
Selon sa famille, le vieil homme demandait que le "bon Dieu" vienne le chercher et réclamait "la pilule pour dormir". Mais personne n'en avait parlé, la famille faisant "l'autruche" sur l'état de santé du grand-père, a estimé sa petite-fille lors de l'audience.
Face aux souffrances de l'aïeul qui "toute la nuit, hurlait à la mort", "il n’y a pas de solution", sauf une solution "législative, légale", a déclaré Me Claus lors de sa plaidoirie, alors que le Parlement a adopté en première lecture un projet de loi sur l'aide à mourir.
"Si cette nouvelle législation avait été en vigueur, si l'euthanasie avait été plus évoquée dans cette famille", "peut-être qu'on n'en serait pas arrivé là, peut-être qu'on aurait eu d'autres moyens", a estimé le conseil après le verdict.