Plusieurs mises en examen avaient déjà été prononcées vendredi après-midi par les magistrats instructeurs et des suspects attendent leur comparution devant des juges des libertés et de la détention qui décideront de leur incarcération provisoire ou non.
L'information judiciaire porte sur la tentative d'enlèvement de la fille et du petit-fils du PDG de la société spécialisée Paymium, le 13 mai en pleine rue, dans le 11e arrondissement de la capitale. Mais aussi sur "d'autres projets non aboutis", a précisé le parquet de Paris.
Sur les 25, au moins quatre sont ainsi soupçonnés d'avoir projeté lundi un enlèvement près de Nantes, selon une source proche du dossier: ils ont été repérés car ils utilisaient le même véhicule que le commando du 13 mai, a précisé vendredi une autre source proche.
Ces deux affaires ont aussi "des liens" avec la séquestration, le 1er mai, du père d'un homme ayant fait fortune dans les cryptomonnaies, avait indiqué une source proche de l'enquête en début de semaine.
Cryptomonnaies : "plus de 20" interpellations, une nouvelle tentative d'enlèvement déjouée
Réseau ?
Ces indices esquissent les contours d'un réseau dont l'existence doit encore être confirmée par l'information judiciaire.
Parmi les suspects arrêtés à ce jour: des "exécutants" et des profils plus importants de "logisticiens", selon des sources proches du dossier.
Retour sur l'affaire qui a enclenché le vaste coup de filet, menant aux 25 gardes à vue.
Le 13 mai, au petit matin, une vidéo devient virale sur les réseaux sociaux: on y voit une femme et un enfant échapper à un enlèvement en pleine rue par quatre personnes masquées, notamment grâce à l'intervention du compagnon de la femme. Il s'est avéré qu'il s'agissait des proches du dirigeant de Paymium.
Dans cette séquence spectaculaire, les victimes sont parvenues à mettre en fuite les ravisseurs.
La série noire a commencé dès janvier. Au début du mois, un influenceur en cryptomonnaies a été retrouvé dans le coffre d'une voiture près du Mans. Puis il y a eu la séquestration, à la fin du mois, du cofondateur de Ledger, David Balland, et de sa compagne.
Le couple avait été enlevé à leur domicile à Méreau (Cher), et l'alerte donnée par l'autre cofondateur de Ledger, Eric Larchevêque. Ce dernier avait reçu une vidéo d'un doigt coupé de David Balland, accompagnée d'une importante demande de rançon.
La séquence s'est terminée avec la libération de M. Balland et la découverte de sa compagne ligotée dans un véhicule.
L'information judiciaire se poursuit, avec au moins neuf suspects mis en examen, dont l'un a été présenté comme le commanditaire. Mais selon une autre source proche du dossier, il s'agirait plutôt "d'un logisticien" aguerri, déjà détenu provisoirement pour une autre affaire d'enlèvement lié aux cryptomonnaies: le kidnapping en août 2023 du père du Youtubeur TeufeurS (Killian Desnos).
Un couple a échappé à une tentative d’enlèvement en plein Paris
Démonstration de violence
Rapt contre rançon: "Le mode opératoire n'est pas nouveau", analyse pour l'AFP un connaisseur de ces dossiers, "mais il s'est intensifié en 2025", avec une démonstration de violence. Et des doigts coupés.
Ainsi, à l'instar de M. Balland dans l'affaire Ledger, le père d'un homme ayant fait fortune dans les cryptomonnaies, qui avait été enlevé le 1er mai dans le 14e arrondissement, a eu le doigt sectionné. Il a été libéré après 58 heures de séquestration.
Les investigations sont en cours, avec au moins cinq jeunes hommes mis en examen.
Signe que la menace est prise au sérieux, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a réuni mi-mai les professionnels de la cryptomonnaie pour "prendre ensemble des mesures pour les protéger".
Le ministère avait évoqué, sans plus de détails, une "collaboration renforcée" entre forces de l'ordre et professionnels du secteur avec notamment une "consultation de sûreté de leurs domiciles par les référents sûreté de la police et de la gendarmerie nationales".