Ce naufrage de "trois grandes pirogues attachées" a eu lieu mercredi sur le lac Ntomba (ou Tumba), dans la province forestière et enclavée de l'Equateur.
Vendredi, le ministre provincial de l'Intérieur, Crispin Mputu Molia, avait communiqué à l'AFP un bilan provisoire de 40 morts, tandis que la société civile avançait un décompte de 54 morts.
Le convoi transportait le corps d’une femme décédée, ainsi que "plus de 200 personnes" qui se rendaient aux funérailles à Ikoko-Bonginda, un village du territoire de Bikoro, à 147 km de Mbandaka, la capitale provinciale, avaient expliqué les deux sources.
"Ce matin (samedi), on a retrouvé 26 nouveaux corps dans les eaux du lac, dans la région de Bikoro (...) Plusieurs de ces corps sont en état de décomposition", a déclaré à l'AFP Dieu-Merci Akula, secrétaire de la coordination de la société civile provinciale, qui affirme s'être rendu dans la zone où le drame est survenu.
La société civile "compte donc 80 morts, nous continuons à établir les listes des rescapés et des disparus, mais aussi à réconforter les familles éprouvées", a-t-il ajouté.
Des équipes conjointes de la Croix-Rouge de la RDC, section provinciale de l'Equateur, et du gouvernement provincial participent à la recherche et aux enterrements des corps, a-t-il indiqué.
Sans s'exprimer sur le nombre des morts, le président provincial de la Croix-Rouge de la RDC, Kolomba Mampuya, a affirmé à l'AFP que "les enterrements ont eu lieu jeudi, d'autres vendredi et d'autres encore aujourd'hui (samedi), car on a retrouvé quelques corps ce matin".
La Croix-Rouge a apporté "des sacs mortuaires, mais comme ce n'était pas suffisant, un député national (de la région) a payé quelques cercueils qui ont permis d'enterrer dignement les morts, chacun dans une fosse individuelle", a expliqué Kolomba Mampuya.
Pour la Croix-Rouge, samedi est le "dernier jour de recherches, 72 heures après le drame, il n'y aura plus espoir de retrouver les corps", a-t-il ajouté.
Des dizaines des rescapés ont été enregistrés depuis mercredi, mais en l’absence du "manifeste" (le document contenant la liste complète des passagers), "il est difficile de dire s'il y avait surcharge ou non", avait indiqué vendredi à l'AFP le ministre Mputu Molia.
Selon des témoins, "des vagues brusques" sont survenues sur le lac, "les conducteurs n'étaient pas en mesure de faire face" à cette situation, avait-il dit, ajoutant que "les enquêtes détermineront les raisons exactes du naufrage".
"Surcharge"
Les tentatives de l'AFP pour joindre ce ministre samedi n'ont pas abouti immédiatement.
Dans un communiqué, en citant des témoins, la coordination provinciale de la société civile indique que "la surcharge était telle que les pirogues refoulaient des passagers, mais la pression familiale et émotionnelle a prévalu sur les appels à la prudence".
Cette structure constituée d'experts locaux "exige l’ouverture immédiate d’une enquête pour établir les responsabilités : surcharge, absence de contrôle, imprudence notoire, défaillance du système de transport lacustre".
Immense pays d'Afrique centrale, de 2,3 millions de km2, la RDC compte très peu de routes praticables et les déplacements se font souvent sur le fleuve Congo et ses affluents ainsi que sur les lacs.
Des naufrages y surviennent régulièrement, avec des bilans souvent lourds. L'absence chronique de liste de passagers complique les opérations de recherches et l'établissement de bilans précis.
En avril dernier, des dizaines de personnes avaient péri dans l'incendie d'une embarcation sur le fleuve Congo, toujours dans la région de l'Equateur.
En octobre 2023, un naufrage d'un bateau sur le fleuve Congo dans cette même province a tué 47 personnes.
En 2021, le naufrage d'une embarcation de fortune toujours sur le même fleuve avait fait plus d'une centaine de morts ou disparus, dans la Mongala, autre province forestière du nord-ouest du pays.
Au début de son premier mandat en 2019, le président congolais Félix Tshisekedi avait tenté d'imposer des mesures comme le port obligatoire des gilets de sauvetage, après un naufrage qui avait eu lieu en avril de cette année-là sur le lac Kivu (Est). Des mesures qui n'ont été guère suivies.