Radio Pinpon donne la parole à ceux qui ne l'ont pas assez

Dans le service psychiatrie de l’hôpital de Niort, des patients viennent raconter ce qui les fait rire, pleurer ou guérir sur Radio Pinpon. Une autre façon de soigner pour l'infirmier Éric, une échappatoire pour les patients. Brut est allé passer une journée en studio.

“C’est ce qu’on essaie de faire à Radio pinpon, de raconter l’histoire des gens”


Ici, on est dans le studio de Radio Pinpon. On est à l’hôpital de Niort. C’est un hôpital de secteur psychiatrique. C’est un studio de radio, d’enregistrement. C’est aussi un lieu de soin. C’est ici que les gens viennent construire leurs émissions, viennent rire, pleurer, dire ce qu’ils ont sur le cœur.” Éric Lotterie est infirmier au service psychiatrie de l’hôpital de Niort, et animateur de Radio Pinpon. Cette radio, dédiée aux patients, leur permet de blaguer, lire leurs textes, discuter, et avant tout, s’exprimer. 

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“Ça m’apaise”


Les gens qui viennent ici viennent sur prescription médicale la plupart du temps, mais pas que, parce que je le répète c’est considéré, à juste titre, comme un lieu de soin. C’est une autre façon d’envisager le soin”, défend Éric. “C’est le but de Radio Pinpon hein. C’est d’étayer les gens. Et puis écrire son histoire comme ça sans l’adresser à quelqu’un, ça serait dommage. Et je trouve que, justement, cette idée de l’adresse, on s’adresse à quelqu’un, c’est ce qui constitue la relation à l’autre quoi.

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J’écrivais des poèmes, maintenant je les lis. Mais c’est pas pour ça que j’avancerai mieux dans la vie. C’est juste pour… comment dire ? Ça m’apaise. Ça m’apaise, c’est tout”, pense Pascal Madier, un des patients, atteint du trouble de la bipolarité. “On sait qu’on a une maladie, on se soigne pour, et tout le reste c’est que du bonus. On n’est pas là grâce à nous-mêmes, on est là grâce aux autres. Et puis je crois que, voilà… J’ai plus rien à dire. C’est comme ça.

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“Arrêter de dramatiser la maladie, ça permet d’aller mieux aussi”


En plus de s’occuper de la radio, Éric Lotterie gère aussi une cafétéria associative “qui est aussi un lieu de soin où on propose tout un panel d’animations. C’est un lieu social, un lieu de rencontres, un lieu protégé.” Pour lui, la radio est avant tout “un endroit où on donne la parole à ceux qui ne l’ont pas assez souvent. C’est un endroit où on s’autorise, où on existe, où on est autre chose qu’une pathologie.

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Avant d’être des malades psy, ou psychiques, on est des vraies personnes. Et ça les gens l’ont oublié. Il ne faut pas que ce soit tabou. Faut que ce soit parler au contraire, et il faut que ce soit partagé”, ajoute une patiente. Elle continue : “Je suis là depuis 30 ans, ça fait beaucoup. Mais pour certaines maladies, c’est nécessaire aussi d’avoir du soin long. Et d’un seul coup, Éric, avec Radio Pinpon, il arrive avec une bulle d’air et il va ouvrir des choses qu’on n’avait jamais ouvertes jusqu’alors. Et ça fait drôlement du bien. (…) Des fois on pleure, des fois, très souvent, on rit, et je trouve d’arrêter de dramatiser la maladie, ça permet d’aller mieux aussi.

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Depuis que je suis tout petit, j’écoute la radio. Ma mère écoutait la radio dans sa cuisine. Il n'y avait pas beaucoup de culture à la maison. Mon père était gendarme, je vivais enfermé dans une gendarmerie et mon ouverture au monde, c’était la radio. Encore maintenant, quand je crée chez moi, j’ai un casque sur les oreilles et j’écoute l’histoire des gens. Je trouve que la radio véhicule bien ça. Et c’est ce qu’on essaie de faire à Radio pinpon, de raconter l’histoire des gens”, ajoute Éric Lotterie. 

Le quotidien en hôpital psychiatrique français

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