Le violeur avait un jumeau avec le même ADN … : retour sur l’affaire Gomis

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Ils ont grandi ensemble, vécu ensemble et ils ont… le même ADN. En 2013, à Marseille, l’un d’eux est accusé de viols en série. Mais impossible de savoir lequel. Jusqu’à ce que la vérité se glisse dans un détail presque imperceptible. 
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Avant toute chose, les jumeaux monozygotes sont issus d’un même ovule fécondé. Ils ont un patrimoine génétique identique. Une singularité rare… qui a rendu cette enquête judiciaire exceptionnellement complexe

Marseille, 2012, la ville secouée par une série d’agressions

Tout commence le 11 septembre 2012.

Dans un parking marseillais, une femme de 76 ans est abordée par un inconnu. L’homme la contraint à une fellation avant de disparaître. 

Deux mois plus tard, une trentenaire subit une agression similaire dans une impasse. 

Puis, entre décembre 2012 et janvier 2013, quatre autres femmes sont attaquées dans des conditions proches. 

À chaque fois, le même mode opératoire : l’agresseur surgit, isole sa victime, exige une fellation et s’enfuit avec ses effets personnels.

Le meurtrier était l’un d’eux : 23 ans plus tard, la police de Los Angeles identifie le coupable

Longtemps, l’enquête piétine. Les enquêteurs disposent de peu d’éléments concrets. 

Jusqu’à ce qu’un ADN soit finalement isolé mais encore inconnu des fichiers.

C’est un enchaînement de circonstances qui va faire basculer l’enquête. En réquisitionnant les images de vidéosurveillance des bus circulant près des lieux des faits, les enquêteurs obtiennent un visage.

Une victime reconnaît son agresseur. Le fil est tiré jusqu’à un appartement du quartier populaire de la Belle-de-Mai, à Marseille.

Le 7 février 2013, les policiers s’y présentent pour interpeller un suspect. Mais ils en trouvent deux.

Yoan et Elvin Gomis sont jumeaux monozygotes. Ils vivent ensemble, échangent leurs vêtements, leurs téléphones, utilisent la même voiture et ont même un compte Facebook commun. 

Le casse-tête scientifique

En garde à vue, les deux hommes nient en bloc. Impossible, pour les enquêteurs, de les distinguer par leur ADN. 

Une analyse ultra-poussée aurait pu permettre de départager les deux frères. Mais, comme le rapporte le Parisien, son coût était estimé à 100 000 euros. 

La solution viendra d’un détail : un léger zozotement, lié à une surdité partielle dont seul Yoan souffre. 

Elle avait disparu en 1962, elle a été retrouvée vivante 63 ans après …

Lors de confrontations, plusieurs victimes reconnaissent ce défaut d’élocution chez leur agresseur. Ce petit indice fera basculer l’enquête.

En croisant les témoignages, les alibis, les données de téléphonie mobile et les éléments matériels, la justice parvient à disculper Elvin. 

Après 10 mois de détention provisoire, il obtient un non-lieu.

“Je reconnais tous les faits”

Yoan Gomis, lui, reste mis en examen. Pendant l’instruction, il admet partiellement les agressions, mais conteste leur caractère sexuel. 

Il faut attendre l’audience, en septembre 2015, pour qu’il reconnaisse l’ensemble des faits.

Devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône, le président Jean-Luc Tournier l’interroge : “Reconnaissez-vous les faits ?” Yoan, 26 ans, répond calmement : “Je reconnais tous les faits.”. Pour la première fois, il admet aussi la nature sexuelle des agressions.

Il encourt 20 ans de réclusion criminelle. Le parquet requiert 18 ans. Il sera finalement condamné à 12 ans de prison.

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