Argentine : l'ultralibéral Javier Milei remporte largement les législatives de mi-mandat

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Le président argentin, Javier Milei, muscle sa base et va pouvoir continuer à réformer et déréguler, sur ses deux ans restants de présidence, une économie fragile et en pleine turbulences financières.
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"Point de bascule". Le parti du président ultralibéral argentin Javier Milei a largement remporté les élections législatives de mi-mandat dimanche 26 octobre.

Le parti miléiste, La Libertad Avanza, recueille 40,7% au niveau national, selon des résultats partiels, à 97% du décompte, annoncés par le chef du cabinet des ministres Guillermo Francos. Il devance Fuerza Patria, bloc représentant une grande partie de l'opposition péroniste (centre gauche), à 31,6%.

Dans la soirée, Javier Milei a salué un "point de bascule" et promis "d'avancer sur la voie réformiste" vers la "construction de la grande Argentine"

Donald Trump, son allié, a réagi sur son réseau Truth Social : "Félicitations au président Javier Milei pour sa Victoire Ecrasante en Argentine. Il fait un travail formidable! Notre confiance en lui a été justifiée par le peuple argentin".

Réformer et déréguler

Ces législatives de mi-mandat sont cruciales pour le président, maintenant assuré de quasi-tripler sa base parlementaire (jusqu'ici 15% des députés, 10% des sénateurs), sans pour autant atteindre la majorité absolue. Et ainsi d'accroître sa capacité à réformer et déréguler, sur ses deux ans restants de présidence, une économie fragile et en pleine turbulences financières.

Javier Milei avait estimé qu'obtenir un tiers des sièges, dans un Parlement où aucune des chambres n'a de majorité absolue, serait un "bon chiffre", un seuil qui lui permettrait en particulier d'imposer ses vetos présidentiels aux parlementaires.

Une projection exacte en gain de sièges n'était pas disponible dans un premier temps dimanche soir sur la base des résultats partiels.

Pression sur la devise argentine

L'approche des élections avait vu ces dernières semaines une intense pression sur la devise argentine, le peso, trahissant la défiance des marchés financiers, qui le jugent surévalué, et leur inquiétude pour le maintien du cap d'austérité, en cas de revers électoral pour Javier Milei.

Son allié américain Donald Trump, avait même promis une aide massive allant jusqu'à 40 milliards de dollars.

Plusieurs fois en octobre, le Trésor américain est intervenu sur le marché des changes pour acheter du peso et empêcher sa chute. Faisant redouter à nombre d'Argentins l'imminence d'une dévaluation, ou d'une forte dépréciation, post-élections.

"Non", avait insisté dimanche le ministre de l'Economie Luis Caputo après son vote. "Lundi sera un jour comme les autres, ni le programme économique ni le régime de changes ne seront modifiés."

"Prendre un virage pragmatique"

Nombre d'analystes estiment qu'au-delà du résultat du scrutin, Javier Milei "devra prendre un virage pragmatique", comme pressent la politologue Lara Goyburu. "Retrouver la capacité de négociation qui lui permit de faire passer des textes" en début de mandat.

Depuis 2023, le chef de l'Etat a beaucoup légiféré par décrets, ou accords législatifs ponctuels dans l'hémicycle. Mais il s'était vu de plus en plus entravé ces derniers mois par un Parlement braqué par sa rigidité, voire ses insultes: "nid à rats", "dégénérés"...

L'opposition modérée, des secteurs de l'économie productive argentine mais aussi des bailleurs internationaux, à l'instar du FMI, ont demandé avec insistance à l'exécutif "de renforcer le soutien politique et social" à ses réformes.

Société à deux vitesses

Dans le viseur de réformes de Javier Milei figurent d'ici 2027 : des réformes fiscales, de flexibilisation du marché du travail, et du système de protection sociale.

Javier Milei arrive au scrutin auréolé d'une inflation domptée, de plus de 200% à 31,8% en interannuel, et d'un équilibre budgétaire inédit depuis 14 ans.

Mais son "plus grand ajustement budgétaire de l'histoire" — comme il aime à répéter — a vu plus de 200 000 emplois perdus, une activité anémiée, en contraction de 1,8% en 2024, une reprise 2025 qui s'essouffle. Et une société plus que jamais à deux vitesses.

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