Le 16 octobre 1984, vers 21h, le corps de Grégory Villemin, 4 ans, est retrouvé ici, dans la Vologne, une rivière des Vosges. Ses pieds et ses mains sont liés.
Le garçon avait disparu dans l’après-midi. Vers 17h, sa mère l’avait laissé jouer sur le tas de sable devant sa maison. Une ou plusieurs personnes ont donc enlevé Grégory, l’ont tué, puis ont jeté son corps dans la Vologne.
Le lendemain du meurtre, les parents Villemin reçoivent une lettre anonyme, postée la veille à 17h15 : "J'espère que tu mourras de chagrin le chef. Ce n'est pas ton argent qui pourra te redonner ton fils. Voilà ma vengeance - Pauvre con".
En fait, depuis 3 ans, les Villemin sont harcelés par un “corbeau”, quelqu’un qui leur envoie des lettres anonymes. La famille reçoit également des menaces par téléphone, parfois plusieurs dizaines d’appels anonymes par jour.
On ne sait pas combien il y a de corbeaux, mais au moins deux voix différentes, un homme et une femme, les menaçaient par téléphone. Les harceleurs, très bien informés sur la vie de famille des Villemin, leur reprochaient des choses très diverses, mais semblaient surtout jaloux de leur réussite sociale.
4 jours après le meurtre, alors que les autorités enquêtent, plus d’une centaine de personnes proches des Villemin sont convoquées par les gendarmes pour réécrire la lettre anonyme de revendication.
Le cousin du père, Bernard Laroche
14 jours après le meurtre, un expert en écriture indique que l’auteur de la lettre pourrait potentiellement être Bernard Laroche, le cousin du père. Le lendemain, Bernard Laroche est interpellé, mais rapidement relâché car il faisait des courses au moment de la disparition, selon plusieurs témoins.
17 jours après le meurtre, Bernard Laroche est accusé par sa belle-sœur Murielle Bolle. L’adolescente de 15 ans indique être montée le 16 octobre dans la voiture de Bernard Laroche, dans laquelle se trouvait le fils Laroche et un petit garçon. Selon elle, Bernard serait descendu de la voiture avec le petit garçon, puis il serait revenu seul, sans l’enfant. Laroche serait ensuite parti faire des courses. Murielle Bolle dit ne pas avoir parlé car elle avait peur.
Murielle Bolle se rétracte
20 jours après le meurtre, Bernard Laroche est arrêté et inculpé par le juge Lambert.
Le lendemain de l’arrestation, après avoir confirmé sa version plusieurs fois pendant plusieurs jours, Murielle Bolle se rétracte et change d’avis. Elle déclare désormais avoir été victime de pression de la part des gendarmes.
Quatre mois après le meurtre, début février 1985, Bernard Laroche est libéré. Le père de Grégory, Jean-Marie Villemin, annonce publiquement qu’il a l’intention de le tuer. Le 29 mars 1985, le père de Grégory tue Bernard Laroche d’un coup de fusil. Jean-Marie Villemin est arrêté et emprisonné le lendemain.
La mère de Grégory arrêtée
8 mois après le meurtre, Christine Villemin, la mère de Grégory, est arrêtée et inculpée par le juge Lambert. Une nouvelle étude indique notamment que son écriture pourrait ressembler à celle du corbeau. Une partie de la presse française la désigne comme coupable.
Christine Villemin, enceinte d’un nouvel enfant, est finalement libérée après 11 jours de prison par la justice, qui estime qu’il n’y a pas assez d’éléments pour la maintenir en détention provisoire.
Après presque deux ans d’enquête, le juge Lambert est dessaisi de l’affaire.
Le 24 décembre 1987, après deux ans et 8 mois de prison, Jean-Marie Villemin est libéré et placé sous contrôle judiciaire. Il vit désormais dans l’Essonne avec sa femme Christine et leur enfant Julien.
L'État condamné
En 1993, Christine Villemin est totalement innocentée par la justice française.
Au début des années 2000, près de 20 ans après le meurtre, l’État français est condamné à verser plusieurs dizaines de milliers d’euros à la femme de Bernard Laroche, à Murielle Bolle puis aux parents de Grégory en dédommagement des dysfonctionnements judiciaires
Pendant ce temps, l’enquête continue mais n’avance pas beaucoup, malgré les évolutions technologiques et des récoltes d’ADN.
Le grand-oncle et la grand-tante mis en examen
En 2017, plus de 30 ans après le meurtre, le grand-oncle et grand-tante de Grégory, les Jacob, sont mis en examen pour "enlèvement et séquestration suivie de mort". Ils sont soupçonnés d’être les corbeaux. Murielle Bolle est également emprisonnée quelques jours plus tard. Les trois mises en examen seront finalement annulées pour des raisons de procédure.
En 2020, la justice invalide la garde à vue de Murielle Bolle de 1984 dans laquelle elle accusait Bernard Laroche.
Ce 18 juin 2025, plus de 40 ans après le meurtre, la justice ordonne de réinterroger la grand-tante de Grégory, Jacqueline Jacob, d'ici quelques mois en vue d'une possible mise en examenpour "association de malfaiteur criminelle"De son côté, elle réaffirme sa “totale innocence”.
La grand-tante du petit Grégory réaffirme sa "totale innocence"