Bébé secoué : une ex-nourrice condamnée à 12 ans de prison

Crédit : Frédéric Prochasson / Adobe Stock
Deuxième procès et peine identique: une ancienne nourrice a été condamnée à douze ans de réclusion criminelle pour avoir tué un bébé dont elle avait la garde en le secouant violemment, lors de son procès en appel à Colmar.
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C'est une peine plus clémente que celle requise par l'avocat général, Gueorgui Varbanov, qui demandait de condamner Vanina Reysz, 45 ans, à 14 ans de réclusion criminelle.

"On lui demandait juste de nous dire ce qui s'est réellement passé", avait déclaré Gueorgui Varbanov, regrettant "qu'elle n'ait pas saisi cette occasion".

Le 22 octobre 2013, vers 08h30, cette mère de deux enfants avait appelé les secours paniquée, expliquant que le petit Hugo, six mois, ne "respir(ait) plus" et devenait "bleu". L'enfant lui avait été confié, "calme" et "souriant" moins d'une heure avant.

Si Vanina Reysz a reconnu avoir secoué Hugo "trois à quatre fois", dans un moment de "panique", elle explique que c'était pour le secourir car il était soudainement devenu amorphe après avoir englouti le contenu d'un biberon.

"Pas une meurtrière"

"Ce n'était pas pour lui faire du mal, c'était pour le faire revenir à lui", a répété Vanina Reysz, déjà condamnée à 12 ans de réclusion criminelle en 2024 par la cour d'assises du Bas-Rhin.

Lors de son appel aux secours, l'assistante maternelle avait omis de dire qu'elle avait secoué l'enfant. Devant les enquêteurs, elle avait aussi changé de version, affirmant qu'elle avait fait un malaise le matin du drame et que Hugo s'est peut-être cogné la tête à ce moment-là.

Mais les experts ont écarté toute cause accidentelle de décès.

Selon deux professionnels de santé entendus par la cour, le décès de Hugo est bien dû à un épisode de secouement "extrêmement violent", survenu peu avant l'appel aux secours, et celui-ci n'est pas compatible avec les gestes décrits par l'ex-nourrice. 

Les lésions constatées sur le bébé montrent qu'il a en outre subi un choc ce matin-là, et a également été victime d'un autre épisode de secouement environ deux semaines avant le drame.

Interrogé sur ce premier épisode de violences, Vanina Reysz l'assure : "Je n'ai jamais secoué Hugo avant le jour des faits".

"Je ne suis pas quelqu'un de violent, je ne suis pas quelqu'un de méchant", se défend-elle.

Son mari, avec qui elle est en instance de divorce, la soutient : "Je n'arrive pas à comprendre comment quelqu'un décrit comme calme, gentille, qui aime les enfants, peut en moins d'une heure prendre un enfant et avoir de mauvais gestes. Je n'arrive pas à le croire".

"Faire leur deuil"

Au premier rang, les parents, grands-parents et oncles d'Hugo, accablés de douleur, eux non plus, ne comprennent pas.

L'avocat de Vanina Reysz, Eric Amiet, a plaidé l'acquittement soulignant qu'il n'y avait dans ce dossier "pas de témoins, pas d'aveux, pas de mobile" 

Sa cliente a finalement été reconnue coupable de violences volontaires sur mineur de (moins de) 15 ans ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner, par personne ayant autorité, ainsi que de violences volontaires n'ayant entraîné aucune ITT (incapacité totale de travail, NDLR), ce qui correspond aux deux épisodes de secouement, dont le second mortel.

Avec ce verdict, "les parents ont un sentiment de justice mais ils sont frustrés de ne pas savoir toute la vérité", a déclaré à l'AFP leur avocat, Pascal Créhange. "Le deuil est impossible parce qu'il y a une part de l'histoire qu'on ne connaît pas".

Douze ans après la mort d'Hugo, ses parents sont "encore marqués au fer rouge", selon leur conseil.

Après avoir perdu leur bébé, Lionel et Nathalie ont eu deux autres garçons, eux aussi marqués par le drame. 

Le plus âgé, qui a désormais 10 ans, "ne veut pas grandir", et "n'arrive pas à trouver sa place", a décrit à la cour Me Créhange. Le second, 6 ans, a lui un tempérament tout différent: c'est l'enfant qui "porte la révolte".

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