Le principal mis en cause, Michel G., 77 ans, radié de l'Ordre des médecins en 2017 et qui comparait libre, a pris place sur le banc des prévenus aux côtés de sa femme, Marie-Claire G. et d'un confrère bayonnais, Pascal P., tous deux suspectés de complicité notamment.
Une association, fondée par Michel G. en 1988, fait aussi partie des prévenus.
Une vingtaine de témoins, parmi lesquels des malades suivis par Michel G., étaient présents dans la salle d'audience. Aucun n'est partie civile à ce procès. Seuls l'Ordre des médecins et celui des pharmaciens se sont portés parties civiles.
En 2018, deux employées avaient signalé à l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique des "agissements douteux" au sein de leur société, un laboratoire privé de recherche en biopharmacie dont Michel G. était le directeur scientifique.
L'ex-médecin, "chercheur passionné" et "engagé" dans la recherche sur l'auto-immunité, selon le témoignage d'un ancien confrère lu par la présidente en début d'audience, aurait proposé dès 2015 à plusieurs malades un parcours de soins fondé sur l'"endothérapie multivalente". Une technique de soin qu'il a développée mais dont l'efficacité n'a pas été prouvée scientifiquement.
Il est poursuivi notamment pour exercice illégal de la médecine, pour fabrication et distribution de médicaments sans autorisation, ainsi que pour pratique commerciale trompeuse.
Des malades défendent sa méthode
Selon la théorie de l'ex-médecin, les inflammations de certains malades chroniques, par exemple ceux atteints de la sclérose en plaques, seraient dues à un problème intestinal.
Jusqu'en 2019, Michel G. prescrivait donc à des malades un "immunobilan", c'est-à-dire une prise de sang pour analyser leurs anticorps et ainsi poser un diagnostic biologique.
Il leur proposait ensuite un traitement à base de "polycomplexes", des pilules dont il avait inventé la composition et qui étaient conditionnées et commercialisées par une pharmacie italienne.
L'enquête a établi qu'en "l'absence de contrôle quantitatif, rien ne pouvait être objectivé sur l'efficacité clinique des produits".
Elle a relevé également que le prévenu avait "fait fi des multiples avertissements des autorités dans une croyance quelque peu messianique et thaumaturgique" et s'était affranchi des obligations légales et réglementaires.
En revanche, il n'a pas été établi lors de l'instruction que ce traitement comportait un "risque grave pour la santé humaine".
Lors de la première journée d'audience, plusieurs malades ayant expérimenté l'"endothérapie" se sont succédé à la barre pour défendre la méthode de Michel G.
Geneviève B., 67 ans, chercheuse diplômée de l'école Polytechnique et atteinte de sclérose en plaques, a déclaré avoir "remarqué que les poussées étaient moins fortes" avec le traitement, qui n'a eu sur elle "aucun effet secondaire".
Les "immunobilans" étaient "gratuits", a-t-elle ajouté, assise sur une chaise à roulettes, tout en mentionnant qu'elle faisait des chèques "pour soutenir l'association" de Michel G., "de l'ordre de 80 euros" par an.
Le procès doit durer jusqu'au 25 juin.