À l'heure des négociations, Macron met en garde contre "l'ogre" Poutine

Crédit : Viktor Kovalchuk/Global Images Ukraine via Getty Images
"Poutine est un ogre à nos portes", un "prédateur" qui "ne veut pas la paix" : Emmanuel Macron, un temps prompt à appeler à ne pas humilier la Russie, est devenu un des plus ardents détracteurs du Kremlin, loin de l'optimisme affiché par Donald Trump sur les chances de mettre fin au conflit en Ukraine.
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"Aujourd'hui, la Russie, dans les faits, elle continue la guerre, elle l'intensifie", a lancé le président français au sortir d'un sommet avec Donald Trump et plusieurs dirigeants européens lundi à la Maison Blanche pour accorder les violons du camp occidental dans les négociations à venir avec Moscou.

"J'ai pour ma part les plus grands doutes quant à la réalité d'une volonté de paix de la part du président russe parce qu'aussi longtemps qu’il pense qu'il peut gagner par la guerre, il le fera", a-t-il pointé.

Il veut "prendre le maximum de territoires, affaiblir l'Ukraine et avoir une Ukraine qui n'est pas viable seule ou dans le giron russe", a-t-il insisté.

Plus largement, Vladimir Poutine constitue une "menace pour les Européens", martèle Emmanuel Macron, qui a multiplié ces derniers jours les attaques contre le maître du Kremlin.

"Y compris pour sa propre survie, il a besoin de continuer de manger. Voilà. Et donc c'est un prédateur, c'est un ogre à nos portes", a-t-il asséné dans un entretien depuis Washington à la chaîne LCI.

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Refus de trop vite "crier victoire"

Certains Européens redoutent en outre que Donald Trump ne soit tenté de pactiser trop vite avec Vladimir Poutine, aux dépens de l'Ukraine, afin d'arracher un accord de paix qu'il puisse mettre à son crédit et de normaliser au plus vite ses relations avec Moscou.

La rencontre au sommet vendredi en Alaska entre les dirigeants des deux plus grandes puissances nucléaires n'avait de ce point de vue rien de rassurant, entre assauts d'amabilité et penchant pour la rhétorique russe, et un grand absent, l'Ukraine.

La rencontre "retour" lundi à Washington entre Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky, flanqué de six dirigeants européens, a apporté à cet égard quelque soulagement.Les Etats-Unis se sont pour la première fois montrés prêts à apporter des garanties de sécurité à l'Ukraine, aux côté des Européens, pour faire en sorte que la Russie ne récidive pas dans ses attaques.

Vladimir Poutine, qui réfute toute présence militaire de pays de l'Otan dans sa sphère d'influence, a concédé de son côté à Anchorage que la sécurité de l'Ukraine devait "être garantie", tout en se gardant bien de préciser comment. 

"Le président Trump a eu la conviction qu'il pouvait rapidement conclure un traité de paix avec le président Poutine. Les événements vont nous le montrer", résume Emmanuel Macron, en refusant de trop vite "crier victoire".

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"Pas dans l'humiliation"

Et en appelant d'emblée à remettre la pression sur la Russie, avec plus de sanctions étouffant son économie, si elle cherchait seulement à gagner du temps sur le terrain militaire.

Dans les premiers mois de la guerre, le président français avait voulu dialoguer avec Vladimir Poutine et ses appels à ne pas "humilier" la Russie.

"Nous aurons demain une paix à bâtir, ne l'oublions jamais (...) Mais cela ne se fera ni dans la négation, ni dans l'exclusion de l'un ou l'autre, ni même dans l'humiliation", avait-il déclaré le 9 mai 2022.

Un précepte que le maître du Kremlin est loin de s'appliquer, trois ans plus tard, même s'il devrait enfin rencontrer prochainement son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky après s'y être longtemps opposé.

Le président français revendique aujourd'hui sa longue expérience avec Vladimir Poutine, avec lequel il a continué à discuter des mois durant après le début de la guerre, et pense savoir "comment il fonctionne".

"Il veut la capitulation de l'Ukraine", a-t-il réitéré avant la réunion au sommet de Washington.

Comme en écho, la Russie a prévenu mardi que tout potentiel accord de paix devrait garantir sa "sécurité" et celles des habitants russophones en Ukraine, argument déjà brandi pour lancer son invasion en 2022.

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