Somaliland : 3 choses à savoir sur ce territoire

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Israël a annoncé vendredi la reconnaissance officielle du Somaliland. Cette république autoproclamée a fait sécession de la Somalie et n'était jusqu'alors reconnue publiquement par aucun pays.
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Israël a annoncé vendredi la reconnaissance officielle du Somaliland. Mais qu'est-ce que ce pays ?

1. Sécession en 1991

Le territoire du Somaliland (175 000 km2 soit près du tiers de la France), qui correspond peu ou prou à l'ancienne Somalie britannique, est situé à la pointe nord-ouest de la Somalie, dans la Corne de l'Afrique. Il a déclaré unilatéralement son indépendance en 1991, alors que la République de Somalie sombrait dans le chaos après la chute du régime militaire de l'autocrate Siad Barre.

La république autoproclamée fonctionne depuis en autonomie, avec ses propres monnaie, armée et police, et se distingue par sa relative stabilité comparée à la Somalie, minée par l'insurrection islamiste des shebab et les conflits politiques chroniques.

2. Reconnaissance par Israël

Israël a annoncé vendredi la reconnaissance officielle du Somaliland, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, évoquant une "belle opportunité pour élargir" un partenariat entre les deux pays, notamment dans les domaines économique et agricole.

Le président du Somaliland, Abdirahman Mohamed Abdullahi, surnommé "Irro", a salué "un grand jour pour le peuple et la République du Somaliland, une page d'or (...) dans l'Histoire de notre nation" après 34 ans de "lutte".

Des analystes régionaux estiment qu'un rapprochement avec le Somaliland pourrait permettre à Israël de sécuriser son accès à la mer Rouge.

Une déclaration "conjointe et mutuelle" a été signée par les deux parties, et le Somaliland a exprimé son intention de rejoindre les accords d'Abraham, un processus qui en 2020 avait vu plusieurs pays arabes normaliser leurs relations avec Israël et une priorité diplomatique de Donald Trump.

Pour Israël, l'intérêt d'un tel rapprochement est aussi géostratégique, estime dans un récent rapport l'Institut d'études de sécurité nationale (INSS) basé à Tel Aviv. Engagé sur plusieurs fronts régionaux depuis le début de la guerre à Gaza et l'attaque du Hamas du 7 octobre 2023, "Israël a besoin d'alliés en mer Rouge pour de nombreuses raisons stratégiques, notamment une potentielle campagne contre les Houthis" du Yémen, analyse l'INSS.

3. Isolement sur la scène internationale

Cette république n'était jusqu'alors reconnue publiquement par aucun pays, ce qui la maintient dans un certain isolement politique et économique malgré sa situation à l'entrée du détroit de Bab-el-Mandeb, sur l'une des routes commerciales les plus fréquentées au monde reliant l'océan Indien au canal de Suez.

La région est en proie aux difficultés économiques (inflation, chômage, pauvreté...), mais aussi à des conflits dans l'est.

L'Egypte, la Turquie, Djibouti, ainsi que plusieurs organisations multilatérales, dont le Conseil de coopération du Golfe (CCG), et la Ligue arabe, et l'Union africaine (UA) ont rejeté l'annonce israélienne.

Interrogé par le New York Post sur une éventuelle reconnaissance par Washington, le président américain a lui répondu "non," refusant là de suivre son allié israélien. Il a ajouté : "nous allons étudier ça", avant de se demander : "Est-ce qu'il y a vraiment des gens qui savent ce qu'est le Somaliland ?".

La Somalie a, de son côté, condamné une "attaque délibérée contre sa souveraineté" et averti que l'annonce d'Israël exacerbe "les tensions politiques et sécuritaires dans la Corne de l'Afrique, la mer Rouge et le golfe d'Aden, le Moyen-Orient et la région au sens large." Et des milliers de Somaliens sont descendus dans les rues mardi pour s'opposer à cette reconnaissance formelle.

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