Les images diffusées par des témoins et des médias américains montrent Brad Lander, qui est aussi contrôleur financier de la ville, en costume cravate, arrêté avec force et menotté par des agents de la police des frontières (ICE), dans un tribunal du sud de Manhattan.
"Vous n'avez pas l'autorité pour arrêter un citoyen américain (...) Je ne fais obstruction à personne", lance M. Lander aux agents, dont certains ont le visage couvert d'un masque sanitaire, selon des vidéos.
La procureure générale de New York Letitia James, une élue démocrate, a jugé "profondément inacceptable" cette arrestation par les agents du ICE. "Arrêter le contrôleur Lander pour le simple fait d'avoir défendu des immigrants et leurs droits civiques constitue un abus de pouvoir choquant", a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Sollicité par l'AFP, le ICE n'a pas commenté cette affaire, mais le département de la Sécurité intérieure a indiqué qu'il avait été arrêté pour avoir "entravé le travail d'un agent fédéral".
Un peu plus tard en journée, Brad Lander a été relâché d'un centre de détention du ICE à New York et accueilli par une foule nombreuse et ses proches. "Je suis heureux d'apprendre qu'aucune charge n'a été retenue (contre moi)", a-t-il déclaré sur place.
"Autoritaire"
Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président américain et son gouvernement ont multiplié les initiatives pour expulser un maximum de sans-papiers du pays. Pour faciliter les expulsions, les autorités fédérales ont annulé des règles empêchant des policiers d'accéder à certaines zones, comme les tribunaux.
Et ces dernières semaines, des agents du ICE ont multiplié les arrestations d'immigrants dits "clandestins" ou de demandeurs d'asile dès la sortie de leur audience au tribunal de l'immigration, ont constaté des journalistes de l'AFP.
En réaction aux raids de la police de l'immigration, les protestations se multiplient aux Etats-Unis contre la politique migratoire de Donald Trump.
De New York à Casper, au Wyoming, en passant par Los Angeles, des centaines de milliers d'Américains -- jusqu'à cinq millions selon les organisateurs -- ont défilé samedi à travers les Etats-Unis pour dénoncer la politique du milliardaire républicain.
Le démocrate Brad Lander s'était rendu au tribunal pour accompagner un immigrant menacé d'expulsion, réclamant à la police de l'immigration de "voir le mandat d'arrêt" concernant ce dernier.
Selon les derniers sondages, M. Lander est crédité de la troisième place dans la primaire du Parti démocrate pour la mairie de New York, derrière l'ancien gouverneur de l'Etat, Andrew Cuomo, et le candidat surprise Zohran Mamdani, qui ont tous deux fustigé son arrestation.
Les électeurs du parti ont commencé samedi à voter dans cette primaire qui se termine le 24 juin. M. Lander s'est engagé à soutenir M. Mamdani, qui se dit ouvertement "socialiste".
"L'arrestation de Brad Lander est le résultat de la crise autoritaire à laquelle New York est confrontée sous Donald Trump et tous ceux qui le soutiennent. La défense des immigrants doit être saluée, et non condamnée", a réagi M. Mamdani.
"Ceci est le dernier exemple en date de la brutalité incontrôlée du ICE sous Trump (...) Brad Lander n'a absolument rien fait de mal pour être ainsi détenu illégalement", a renchéri Andrew Cuomo. Et d'ajouter: "Imaginez maintenant, la peur des familles de tout le pays face au ICE".