"En raison de l'accident mortel de vendredi, nous ne pourrons bénéficier dans l'immédiat de l'ensemble des techniciens indispensables à la conduite de fouilles criminelles", a déclaré le procureur d'Auxerre, Hugues de Phily.
"Les fouilles sont suspendues. Elles pourraient reprendre à l'automne", a-t-il ajouté dans un message à l'AFP. Les recherches devaient initialement se poursuivre jusqu'à vendredi.
Un gendarme de 41 ans est décédé vendredi après avoir été heurté par un engin de chantier sur le site des fouilles, à Rouvray, près d'Auxerre.
L'adjudant faisait partie des 448 gendarmes mobilisés depuis le 26 mai pour ratisser le "cimetière" d'Émile Louis dans le but de retrouver, environ 50 ans après leur disparition, d'éventuelles traces des victimes du tueur en série.
Seuls deux chaussures et un vélo, "probablement de femme et d'ancienne facture", ont été retrouvés lors de cette opération dont le coût s'élève à 100.000 euros, a récemment indiqué M. de Phily. Le procureur disait cependant rester "très prudent" quant à l'intérêt de ces objets pour l'enquête.
Une semelle de chaussure retrouvé
Les secteurs fouillés sont ceux où Émile Louis avait indiqué dans les années 2000 avoir enterré ses victimes, toutes des jeunes femmes handicapées, pupilles de l'assistance publique. Seules deux de ses sept victimes identifiées ont été retrouvées dans ce "cimetière", ainsi qu'un crâne d'une huitième victime potentielle, découvert fin 2018.
De précédentes fouilles avaient déjà été menées dans le secteur à l'automne dernier. Seuls "une semelle de chaussure à talon, deux pièces de textile et un vêtement" avaient été retrouvés. Ces découvertes avaient cependant été jugées prometteuses par les parties civiles, qui avaient donc demandé une nouvelle campagne de fouilles malgré son coût élevé.
Un gendarme tué accidentellement sur le chantier du "cimetière" d'Emile Louis
Émile Louis a été condamné en 2004 à la réclusion criminelle à perpétuité pour les viols et assassinats de sept jeunes femmes disparues dans l'Yonne entre 1975 et 1979. L'ancien chauffeur de car, qui transportait ses victimes de leur famille d'accueil à leur institut médico-pédagogique, est décédé en 2013 à 79 ans.
"On comprend qu'il y ait un report le temps du deuil. Ce que je crains dans un report à l'automne, c'est qu'il pleuve", a déclaré à l'AFP Didier Seban, l'avocat de l'Association de défense des handicapées de l'Yonne, qui réunit des familles de victimes. "J'aurais préféré que ce soit un report de quelques jours", a ajouté le conseil.
"On ne peut pas laisser encore les familles dans l'attente", a jugé Pierre Monnoir, président de l'Association de défense des handicapés de l'Yonne et lanceur d'alerte dans ce dossier. "L'automne, le risque, c'est la pluie, les jours courts", a-t-il ajouté.