Lola: "perpétuité réelle" pour la meurtrière, première femme condamnée à cette peine maximale

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Dahbia Benkired, reconnue coupable du meurtre de Lola Daviet, 12 ans, après l'avoir violée et torturée, a été condamnée vendredi à la "perpétuité réelle" par la cour d'assises de Paris, devenant la première femme à se voir infliger cette peine maximale prévue par le Code pénal.
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La perpétuité incompressible avait été réclamée dans la matinée par l'avocat général, en affirmant la nécessité "d'assurer la protection de la société, de prévenir la commission de nouvelles infractions et de restaurer l'équilibre social".

Le président de la cour a souligné lors l'énoncé du verdict, après quatre heures de délibéré, "l'extrême cruauté des faits criminels", "de véritables supplices".

"La cour, pour fixer la peine juste, a pris en compte le préjudice psychologique indicible causé à la victime et à la famille dans des circonstances aussi violentes et presque innommables", a-t-il ajouté. 

Depuis son instauration en 1994, la "perpétuité réelle" n'avait jusqu'alors été prononcée qu'à quatre reprises en droit commun, à l'encontre de Pierre Bodein, Michel Fourniret, Nicolas Blondiau et Yannick Luende Bothelo.

Six jours de débats ne sont pas parvenus à distinguer les véritables mobiles et, d'une manière générale, le processus qui avait conduit Dahbia Benkired à passer à l'acte, enferrée dans des bribes d'explication incohérentes, fluctuantes et contredites par les éléments objectifs de l'enquête.

Pas de pathologie qui aurait pu l'exempter de sa responsabilité pénale

À l'époque âgée de 24 ans, marquée par une précarité sociale certaine, elle vivait par intermittence chez sa sœur, dans un immeuble du XIXe arrondissement de Paris.

Le 14 octobre 2022, elle avait attiré sous la contrainte Lola, la fille des gardiens de la résidence dans son appartement.

Dans un huis clos de quelque 97 minutes, elle l'a ensuite violée, torturée puis tuée en lui obstruant les voies respiratoires avec du ruban adhésif.

S'en était suivie une fuite erratique, chargée d'une malle dans laquelle elle avait placé le corps de la fillette. 

Lors du procès, trois experts psychiatres avaient à la fois exclu toute pathologie de l'accusée qui aurait pu l'exempter de sa responsabilité pénale, en dépit de traits de personnalité "psychopathiques", et insisté sur leurs réserves quant à la possibilité de soins.

"Aucun traitement médicamenteux ne saurait fondamentalement transformer la personnalité de madame Benkired. Quand il n'y a pas de maladie, il n'y a pas de traitement", avait ainsi estimé l'avocat général lors de son réquisitoire dans la matinée.

L'avocat de la défense, Me Alexandre Valois, s'était pour sa part penché sur les 24 années de l'existence de Dahbia Benkired qui avaient précédé le crime: "traumatisme de la toute petite enfance" suggéré par les psychiatres, violences familiales, viols, consommation de cannabis et de médicaments, prostitution - sans que rien de tout cela n'ait été ni formellement établi, ni complètement exclu par l'enquête. 

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