L'économiste Gabriel Zucman alerte sur la moindre efficacité d'une version modifiée de sa taxe

Crédit : Edward Berthelot/Getty Images
L'économiste Gabriel Zucman a défendu samedi sur France Inter la version originelle de la taxe sur les hauts patrimoines qui porte son nom et qui est à l'agenda des discussions parlementaires sur le budget samedi.
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"Dès qu'on introduit des exonérations (...) on lance la machine à optimisation", a prévenu l'économiste Gabriel Zucman, réagissant à une mesure de taxation des hauts patrimoines mise sur la table par les députés socialistes et inspirée de cette désormais célèbre taxe Zucman.

Le groupe socialiste de l'Assemblée nationale propose, dans un amendement, d'instaurer un impôt minimum de 3% sur les hauts patrimoines, à partir de "10 millions d'euros", contre 2% sur les patrimoines à partir de 100 millions pour la taxe Zucman.

Cette nouvelle version inclut certes les biens professionnels, mais les socialistes estiment répondre à certaines objections du camp gouvernemental, en excluant de l'assiette les entreprises familiales et celles dites "innovantes".

"Plancher incompressible"

S'il s'est dit favorable au débat sur les modalités de la taxe, notamment sur le seuil de patrimoine requis pour y être éligible, Gabriel Zucman est resté plus réservé sur la mise en place de cas particuliers pour en être en partie exonéré.

"Si on est sur des taux effectifs de moins de 2%, par exemple parce qu'on crée des exonérations pour les biens professionnels ou autre, ça reviendrait à admettre que les milliardaires ont le droit de payer moins d'impôt que les autres catégories sociales", a prévenu Gabriel Zucman.

"Quelle que soit la nature de votre fortune, quels que soient vos mérites, quel que soit le rendement de cette richesse, il doit y avoir un plancher incompressible", a-t-il souligné, c'est un "gage d'efficacité, de rendement budgétaire, et de justice".

Pour lui, créer un impôt "mité de niches, qui offre une possibilité d'évasion (...) c'est se condamner à la défaite".

LFI critique le PS

Des déclarations qui n'ont pas échappé à La France insoumise, qui reproche régulièrement aux socialistes de faire trop de compromis avec le bloc central. 

"Voilà tout est dit, par Zucman lui-même, sur les taxes Zucman light sur le patrimoine mises sur la table par la groupe socialiste dans l'espoir d'un compromis avec le gouvernement", a écrit sur X le président de la commission des Finances, Eric Coquerel. 

"La taxe Zucman 'light' n'est en réalité pas une taxe Zucman, mais une pièce du compromis cherché entre le PS et le gouvernement", a ajouté la députée LFI Claire Lejeune.

Les socialistes ont par ailleurs retiré un autre amendement, qui excluait les biens professionnels mais ciblait les patrimoines à partir de cinq millions d'euros, qui ne "fonctionnait pas techniquement", selon une source au sein du groupe PS.

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