"Comment mieux structurer les différents temps de la vie quotidienne des enfants afin qu'ils soient plus favorables à leurs apprentissages, à leur développement et à leur santé ?": les 130 personnes sélectionnées auront jusqu'à fin novembre pour répondre à cette question posée par le Premier ministre François Bayrou.
Tirés au sort pour refléter l'ensemble de la population (diversité des âges, régions d'origine, niveaux de diplôme, catégories professionnelles...), les participants vont se retrouver pour la première fois pour trois jours au Conseil économique social et environnemental (Cese), chef d'orchestre de cet exercice.
Au total, sept sessions sont prévues de juin à novembre, des travaux auxquels seront associés enseignants, chefs d'établissement, parents, élus locaux, associations, experts médico-sociaux et économiques. Un panel de 20 jeunes âgés de 12 à 17 ans se réunira parallèlement, à la rentrée, pour "partager leurs expériences et exprimer leurs attentes", selon le Cese.
Les temps de l'enfant, c'est "un sujet qui concerne des millions de Français, les familles mais pas uniquement", souligne auprès de l'AFP le président du Cese Thierry Beaudet. "Tout l'enjeu va être de parvenir à partir de l'intérêt de l'enfant, ce que nous n'avons pas réussi jusqu'à présent."
Parmi les sujets qui devraient être abordés, le temps devant les écrans, la durée des vacances, les rythmes scolaires, l'accès à la culture, au sport ou encore le transport des élèves notamment dans les zones rurales.
La convention, dont le budget prévisionnel s'élève à 4 millions d'euros, n'abordera en revanche pas la petite enfance, avec le choix de se concentrer sur les 3 à 18 ans.
"Il y a la grande question de l'école, c'est central mais pas uniquement: le temps passé par les enfants à l'école, c'est un tiers de leur temps sur une année", souligne Kenza Occansey, vice-président du Cese en charge de la participation citoyenne. "On voit bien que quand on veut prendre en compte leurs besoins, leur développement, leur santé, leurs apprentissages, il faut penser en dehors de l'école aussi."
Macron va lancer une convention citoyenne sur les temps de vacances et les horaires scolaires
Le "bon outil" ?
Les enjeux sont nombreux: un enfant sur 10 ne part pas en vacances en France, 50% des lycéens déclarent être dans un mauvais état de santé mentale, la France continue sa chute dans les classements internationaux en termes d'apprentissage...
"La situation que vivent les enfants aujourd'hui n'est plus supportable pour un grand nombre d'entre eux et de familles", relève Kenza Occansey. "Les parents sont les premiers à voir leurs enfants rentrer crevés de l'école, à rencontrer des difficultés pour organiser les activités périscolaires."
Reste à savoir si les débats citoyens suffiront à lever les "crispations" dans le monde enseignant. Début mai, le Snes-FSU, principal syndicat du second degré, avait fustigé un "grand exercice d'esbroufe" qui "passe à côté des urgences de l’Éducation nationale".
Parmi les points de blocage récurrents: la durée des vacances scolaires ou encore celle de la semaine d'école.
Une réforme conflictuelle de 2013/2014 avait relevé la semaine de classe de quatre jours à quatre jours et demi. Mais cette initiative avait fait long feu dans la plupart des communes dès 2017, avec la possibilité donnée de repasser à quatre jours, rapidement saisie par plus de 80% d'entre elles.
"La convention citoyenne ne résoudra pas instantanément toutes les problématiques liées au calendrier scolaire", prévient Thierry Beaudet. "Mais je pense qu'on peut attendre que ces débats débouchent sur des expérimentations d'ampleur, qu'ils créent une dynamique."
"Je suis persuadé que la convention est le bon outil pour dépasser des blocages qu'on a trop connus", abonde Kenza Occansey. "Sur la fin de vie, le débat n’avançait plus. Grâce à la convention, nous avons réussi à dépasser les clivages et formuler des propositions."